Handicap : agir à Antony !

Ces dernières semaines ont été riches d’évènements sur le handicap au niveau international et national, cela m’incite donc à aborder ce sujet ici.

Handicap

En effet, le Comité européen des droits sociaux a conclu, sur une réclamation collective, que la France avait violé la Charte sociale européenne dans la mise en œuvre d’une véritable politique inclusive. Cette décision a été saluée par la Commission nationale consultative des droits de l’homme le 20 avril 2023 qui a réitéré « son appel à la mise en place d’une politique inclusive d’accès universel visant à l’autonomie des personnes en situation de handicap ». Quatre jours plus tard, le collectif Handicaps a annoncé boycotter la Conférence nationale du handicap, prévue le 26 avril à l’Elysée, dénonçant un manque d’ambition de la politique gouvernementale en la matière. Je tiens à souligner ici que la législation française sur les handicaps a été essentiellement l’œuvre d’un homme politique dont je ne dis pas toujours du bien, Jacques Chirac, porteur de la loi de 1987 sur l’inclusion des personnes handicapées dans les entreprises et, surtout, de la loi de 2005 pour l'égalité des droits et des chances, la participation et la citoyenneté des personnes handicapées. Cette loi prévoyait notamment la mise en accessibilité des espaces publics avant 2015 mais une grande partie de la classe politique nationale et locale a alors déployé des trésors d’inertie et/ou de manœuvres dilatoires pour retarder autant que possible les échéances prévues

Mais, ici à Antony ?

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Le 22 mars dernier se sont tenues conjointement à l’hôtel de ville la Commission communale d’accessibilité des personnes en situation de handicap (PSH) et la Commission de suivi de la charte Ville-Handicap qui regroupent des élus, des responsables de services municipaux et des représentants d’associations. Je veux renouveler mes remerciements à un homme politique dont je ne dis pas toujours du bien (décidément !), le maire Jean-Yves Sénant qui m’a autorisé à intervenir à cette commission conjointe alors que je n’en suis pas officiellement membre (le conseiller municipal de mon groupe qui en est membre était absent). Bien que les échanges aient été francs et intéressants, il y a selon moi encore quelques axes de progrès sur le handicap.

Le premier point concerne la représentativité des associations. Il y a à Antony des personnes qui sont membres du Conseil d’administration d’associations nationales référentes sur certains syndromes handicapants et qui seraient intéressées à participer aux parcours d’accessibilité, à tenir leurs assemblées générales ou des réunions d’information à Antony, mais qui ne semblent pas pouvoir le faire car leur siège n’est pas à Antony. Par ailleurs, il est regrettable que les associations locales de parents d’élèves ne soient pas membres de cette commission conjointe Accessibilité-Charte. Inversement, les associations de commerçants qui en étaient membres jusqu’en 2022 mais qui ne siégeaient jamais (j’avais déjà souligné ce point l’an dernier) n’en sont désormais plus membres ce qui règle l’apparence de la question mais maintient le problème (le manque d’intérêt des associations de commerçants pour le handicap).

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Le deuxième axe est celui de l’accessibilité des bâtiments communaux. Plusieurs salles ou même bâtiments entiers ne sont pas accessibles aux PSH ou aux personnes à mobilité réduite (PMR) (par exemple : salle d’atelier informatique à la maison des Ans toniques, école Paul-Bert). Il semble que ces locaux aient obtenu soit une dérogation du Préfet, soit au moins un avis favorable de la Commission départementale d’accessibilité.  Là aussi, on règle l’apparence de la question (l’obligation règlementaire tombe) mais le problème reste (les locaux demeurent inaccessibles). Par ailleurs, on ne peut que s’étonner de l’argumentation déployée pour obtenir la dérogation : pour la salle informatique des Ans toniques, destinée à des cours collectifs d’informatique pour des seniors, l’avis favorable a été obtenu parce qu’il était possible de prêter un ordinateur portable à une PSH ou PMR qui ne pourrait pas accéder à la salle de cours afin qu’elle puisse utiliser l’ordinateur au rez-de-chaussée ! On croit rêver. C’et comme si on donnait un ticket de bus à une PMR ne pouvant pas monter dans le bus ! L’objectif est que la PMR rentre dans la salle pour suivre le cours collectif, pas de jouer à Candy Crush au rez-de-chaussée pendant que les autres élèves apprennent à utiliser Excel !

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Le troisième point est l’accessibilité du parc de logements de Hauts-de-Bièvre-Habitat. Le rapport de la Commission d’accessibilité mentionne les travaux d’adaptation des logements réalisés l’année passée, c’est louable. Cependant, les questions précises que j’ai posées sur les circulations dans les parties communes n’ont pas pu recevoir de réponses sur le fond. La Commission apparait donc compétente pour les améliorations mais pas pour les difficultés : comprenne qui pourra !

Le quatrième point est la question des registres publics d’accessibilité. Ces documents, règlementairement obligatoires, sont destinés à faciliter la préparation des visites des services publics par les PSH. A ce titre, ils devraient être disponibles sur le site Internet de la mairie et pas seulement à l’accueil de la mairie. Sur ce point, la première réponse qui m’a été donnée était que cette mise en ligne n’était pas obligatoire. Dans un second temps, juste avant le Conseil municipal, Mme Aubert, la conseillère municipale déléguée au handicap m’a écrit que c’était en bonne voie…

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Le cinquième et dernier point a trait aux places de stationnement pour PSH. Antony compte 12400 places de stationnement dont 219 pour les PSH, ce qui est interprété par Mme Aubert comme étant « presque » conforme au décret prévoyant 2% de places pour PSH. Cependant 219 sur 12400, cela ne fait que 1,77% et pas 2%, d’autant que les 3 quarts de ces places ne sont pas aux normes ! Par ailleurs, même si la Ville insiste sur le caractère non privatif de ces places, elles sont créées sur demande des utilisateurs antoniens et pas selon un plan rationnel de desserte. Le stationnement sur ces places est gratuit, à condition, pour les Antoniens, d’avoir fait enregistrer sa plaque d’immatriculation à la mairie (sinon Tata Zoé flashe à tout va sans s’arrêter pour vérifier la présence d’une carte européenne de mobilité sur la planche de bord). Mais pour les étrangers ? Je veux dire les Fresnois, les Wissoussiens, les Massicois et Réginaburgiens… Soit ils paient à l’horodateur le plus proche de la place qu’ils ont eu la chance de trouver, si tant est que ledit horodateur soit sur un trottoir assez large et à peu près horizontal, soit ils essaient de se connecter sur Easypark pour se référencer mais il semble qu’il soit bien plus facile d’y renseigner son numéro de carte bleue que son numéro de carte de mobilité… Serait-ce que cette différence de traitement soit liée au fait que les Wissoussiens ne votent pas à Antony ?

 

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