Articles de brunoedouard

    • Bruno EDOUARD
    • Pharmacien retraité

Centres d'intérêts : Politique locale, santé, transports, musique, environnement

  • Canicule 2024 : le compte à rebours est lancé

    C’est vrai, il faut un peu d’imagination cette dernière semaine d’avril où les températures matinales ont fait frissonner les pruniers pour envisager la canicule que nous subirons sans doute cet été, comme d’habitude désormais. Dans deux mois…

    L’été dernier, la mairie avait diffusé les consignes de prudence aux personnes âgées, notamment boire avant d’avoir soif et passer au moins une heure par jour dans un espace rafraichi ou climatisé. Bravo ! Sauf que. Sauf qu’il n’y a pas, ou presque pas, à Antony de points d’eau potable en libre accès : pour des raisons d’hygiène m’a-t-on dit… Sauf que la plupart des établissements municipaux rafraichis ou climatisés (essentiellement le cinéma Le Sélect, l’espace Vasarely et les Ans toniques) étaient fermés de mi-juillet à mi-août. La liste diffusée par le CCAS se réduisait donc en pratique à la résidence Renaître, l’hôtel de ville, le hall de l’hôpital privé et le Monoprix.

    J’ai donc cet hiver tenté de sensibiliser l’exécutif municipal au fait qu’après l’hiver viendrait le printemps puis l’été et j’ai fait des propositions. J’ai suggéré de réaliser, comme à Paris, une coopération avec les associations de commerçants en les incitant à remplir gratuitement d’eau potable les gourdes des personnes qui leur en feraient la demande. J’ai proposé que Vasarely et Le Sélect ne ferment pas complètement et simultanément cet été. Dans les deux cas, franchement, je n’ai pas perçu chez mes interlocuteurs de volonté de s’emparer du sujet ; au contraire, je crois que c’était plutôt une gêne abyssale.

    Mais je peux et je souhaite m’être trompé. Nous verrons bien.

  • Jeux olympiques : tout va bien se passer !

    Amelie oudea castera 2017 cropQu’est-ce qui me rend le plus mal à l’aise ? Le sourire artificiel d’Amélie Oustéa-Castéra, les émoluments de Tony Estanguet, les discours lénifiants sur la baignabilité de la Seine, la délocalisation des migrants à Orléans par Darmanin, les réquisitions de logements du CROUS ? Non, je crois que c’est l’arrêté de Sébastien Lecornu qui prévoit l’attribution d’une médaille pour les personnels militaires qui seront tués à l'occasion de l'opération Sentinelle – JO 2024. Ce souci du détail, cette volonté d’anticipation, ça ne se trouve que ces les grands chefs !

  • Conseil municipal : focus sur... (9)

    Conseil municipal : focus sur…

    Le conseil municipal d’Antony se tient en principe tous les deux mois. L’ordre du jour est fixé par le maire, il comporte plusieurs dizaines de délibérations sur des projets de décisions. Chacune est présentée par un élu de la majorité, qu’on appelle le rapporteur. Les élus des minorités posent des questions, demandent des éclaircissements, expliquent pourquoi ils sont d’accord ou pas sur la décision proposée. Puis le conseil municipal vote et on passe au point suivant. Ce processus emmène l’assemblée jusque tard dans la nuit… Les enregistrements vidéo des réunions sont accessibles sur le site de la mairie (Vidéos du Conseil municipal | Ville d'Antony (ville-antony.fr)). 

    Pour chaque réunion du Conseil, je donnerai ici un coup de projecteur sur un des sujets qui auront été traités.

    Pour le ce mois d’avril 2024, le focus sera sur : le budget.

    La Loi impose aux communes de voter leur budget avant le 15 avril de chaque année. Ce vote doit intervenir après qu’ait eu lieu un débat d’orientation budgétaire deux mois auparavant. Le budget est traditionnellement considéré comme un sujet ardu et technique mais il est d’abord et surtout le reflet et l’outil de la politique de l’équipe municipale en charge des affaires. Il est bien sûr extrêmement rare que des conseillers minoritaires approuvent le budget dans son ensemble : le faire correspondrait à approuver formellement la politique de la majorité et donc, en allant jusqu’au bout de la logique, à demander à intégrer l’exécutif municipal !

    Le budget comporte deux parties : le fonctionnement et les investissements. Chacune de ces deux parties comporte des ressources et supporte des dépenses.

    Les ressources de fonctionnement sont schématiquement des subventions venant de l’Etat, des rentrées fiscales payées par les contribuables antoniens (la taxe foncière essentiellement désormais) et les produits des services municipaux payés par les usagers (restauration scolaire ou entrées de cinéma, par exemple). Les dépenses de fonctionnement comportent les charges de personnels (pour payer les agents communaux), les charges générales (pour chauffer les écoles, éclairer les voies publiques, des subventions aux associations, etc.) mais aussi les charges financières (le remboursement des emprunts éventuellement souscrits). Si le budget de fonctionnement comporte un excédent (c’est généralement le cas, un déficit de fonctionnement est interdit), cet excédent peut être transféré sur le budget d’investissement, c’est ce qu’on appelle l’autofinancement.

    Les ressources d’investissement comportent donc cet autofinancement éventuel transféré du budget de fonctionnement, des subventions venant de l’Etat ou d’autres collectivités, le cas échéant des emprunts, des ventes… Les dépenses d’investissement recouvrent la rénovation des infrastructures communales, les grands travaux, éventuellement des acquisitions de terrains.

    Voilà ce que j’ai exposé :

    L’inflation, le bouleversement climatique, la crise énergétique, les tensions sur les matières premières et sur les céréales, les taux d’intérêt qui flambent… Pourtant, en 2024, Antony ne change pas vraiment son cap budgétaire. Le rapporteur vient de le dire : « C’est du classique ».

    Côté ressources de fonctionnement, le même mix injuste usagers/contribuables, opportunément renforcé par des remboursements d’assurances que vous anticipez grâce au nouveau référentiel comptable.

    Côté dépenses de fonctionnement, cependant, je tiens à saluer la cohérence des dépenses relatives aux ressources humaines : les efforts sont significatifs, pertinents et sur la voie de l’équité, et ils devraient favoriser l’attractivité de notre commune en tant qu’employeur. Mais les autres charges de gestion courante restent tranquillement au niveau de 2023 ou presque. Ainsi la subvention au CCAS plafonne, loin des besoins réels. Et sur les dépenses informatiques, par exemple, vous refusez d’équiper les salles municipales des quartiers du Wiki quand bien même des associations y organisent des ateliers informatiques : comprenne qui pourra !

    Sur les ressources d’investissement, à côté de l’autofinancement dont vous êtes si fiers, vous vendez les bijoux de famille, les terrains d’AntonyPole, et vous comptez sur des subventions de la DSIL auxquelles vous reconnaissez ne pas croire beaucoup.

    Enfin, le programme pharaonique de grands travaux à 45 millions qui perd ces jours-ci un des rares projets vraiment utile avec l’acquisition du stade de l’US Métro : je veux parler de la reconstruction de l’école Anatole-France, différée au-delà de 2026. Restent le futile bling-bling (l’inénarrable fosse de plongée !), le néfaste (AntonyPole avec l’éviction des entreprises pour construire des logements en zone bruyante et polluée), la fausse bonne idée (la rue Mounié que vous n’avez pas osé piétonniser). Même sur les projets quasi-consensuels, comme le virage écologique, vous bégayez, terminant d’installer des stores occultants dans les écoles après la canicule. En commission hier soir, vous disiez « à l’été », ce soir vous annoncez « en fin d’année ».

    Donc, naturellement, nous voterons contre votre budget.

  • Eau et étiquette à la cour d’Antony

    Il y a deux mois, j’avais mis en lumière l’absurdité écologique et économique de mettre sur les tables du Conseil municipal de l’eau embouteillée provenant d’Arcachon. J’ai renouvelé ma demande de carafe d’eau du robinet il y a deux semaines en commission. Est-ce que ces démarches ont été étudiées ? Peut-être… Eau de conseil

    En tout cas, au Conseil municipal, si les élus ont toujours droit à de l’eau minérale, ce n’est désormais plus que dans la limite d’une bouteille de Thonon en verre de 75 cL pour deux conseillers. 

    Mais, dans le même temps, en commission extra-municipale, c’est-à-dire avec des responsables associatifs et des agents des services communaux, ils doivent se contenter d’une simple eau de source en bouteille plastique de 50 cL. Eau de commission

    Soit, comme aurait dit Audiard, les manières y gagneront ce que l’écologie perdra.

    Pour se désaltérer avec de l’eau potable du réseau, il faut soit rester chez soi, soit apporter sa gourde. Nous sommes quelques-uns à agir ainsi… Eau durable

  • Conseil municipal : focus sur.. (8)

    Conseil municipal : focus sur… (8)

    Le conseil municipal d’Antony se tient en principe tous les deux mois. L’ordre du jour est fixé par le maire, il comporte plusieurs dizaines de délibérations sur des projets de décisions. Chacune est présentée par un élu de la majorité, qu’on appelle le rapporteur. Les élus des minorités posent des questions, demandent des éclaircissements, expliquent pourquoi ils sont d’accord ou pas sur la décision proposée. Puis le conseil municipal vote et on passe au point suivant. Ce processus emmène l’assemblée jusque tard dans la nuit… Les enregistrements vidéo des réunions sont accessibles sur le site de la mairie (Vidéos du Conseil municipal | Ville d'Antony (ville-antony.fr)). 

    Pour chaque réunion du Conseil, je donnerai ici un coup de projecteur sur un des sujets qui auront été traités.

    Pour le ce mois de février 2024, le focus sera sur : le rapport annuel sur le développement durable.

    En ce début d’année, le Conseil municipal examine des rapports, préparés par l’exécutif municipal, sur la certains aspects transversaux de la politique locale : égalité femmes-hommes, orientations budgétaires, développement durable. Ces rapports sont en principe examinés d’abord en commission avant d’être commentés en séance publique du Conseil. Pour ce Conseil, la moitié des points à l’ordre du jour n’avait pas été examinée lors d’une commission.

    Voilà ce que j’ai exposé :

    Nous regrettons que ce rapport n’ait pas été présenté à la commission du développement durable. C’est fort dommage.

    S’agissait d’un rapport sur l’année 2023, il est naturellement bâti sur le passé et orienté vers l’avenir.

    Cependant votre regard sur le passé n’est pas honnête. Vous vous gargarisez de formules toutes faites comme « Depuis des années… », vous mettez en avant votre supposée « détermination » et votre prétendue « ambition ». Mais vous avez une mémoire bien peu fidèle. Je me souviens de vos achats de véhicules dans les années 2010 et de vos réponses d’alors, Monsieur le maire, quand nous vous demandions la nature du carburant ; vous nous aviez répondu : « Le diesel le plus pur » ! S’agissant de la désimperméabilisation de l’espace public, vous aviez également prononcé : « Des inondations, il y en a à Paris, il n’y en a pas à Antony ». Quand nous vous faisions remarquer la possibilité d’installer des LED pour l’éclairage urbain, vous tergiversiez : « c’est trop tôt, il est urgent d’attendre ». Et je ne parle pas de la géothermie, vous avez récemment reconnu votre retard, votre conversion est actée mais elle est trop récente pour apparaitre dans ce rapport, même dans le chapitre Orientations futures !...

    Alors, en 2023, vous avez agi, vous avez enfin agi. Avec retard, avec timidité et sans cohérence, cela a été souligné, mais vous avez agi. Vous avez aussi regardé les autres agir : le Département, le Territoire. Vous présentez presque comme vôtres les travaux sur les collèges et le bassin de rétention du 92 ainsi que la collecte sélective des déchets de Vallée Sud Grand Paris.

    Je ne vais pas commenter chacune des 32 pages de ce document, nous aurions pu le faire en commission, mais je me sens dans l’obligation de mettre certains points en évidence.

    Vous avez plusieurs RER de retard, ne serait-ce que sur ces bouteilles d’eau minérale venant d’Arcachon sur nos tables : à Sceaux, il y a une carafe d’eau du robinet par 2 élus et ce depuis 10 ans. Vous mettez en avant votre plan canicule mais l’été dernier la quasi-totalité des espaces rafraichis conseillés aux seniors étaient fermés du 14 juillet au 15 aout (que ce soit Vasarely ou Le Sélect). Vous faites figurer un chapitre Résilience locale qui mentionne un plan communal de sauvegarde qui n’existe qu’en projet depuis plus d’un an et dont la publication par arrêté reste à l’horizon – en ce sens que ça s’éloigne au fur et à mesure que l’on s’avance… Vous vous félicitez d’avoir végétalisé deux cours d’école, quelle célérité ! Mais à l’école toujours pas d’alternative végétarienne malgré les demandes des parents d’élèves et l’impact de l’alimentation carnée sur le rejet des gaz à effet de serre. Vous ne faites rien ou si peu sur les publicités lumineuses nocturnes. Mais vous aimez parsemer vos textes de mots-clés qui fleurent bon l’écologie : micro-forêt, trame verte, plan de mobilité active… Sur ces sujets, on peut dire que vous avancez avec précaution. Des forêts urbaines qui ont la largeur de cette pièce, des trames vertes encore plus minces, un réseau capillaire des bus certes amélioré sur les itinéraires mais avec des fréquences quasi-dissuasives !

    Enfin, la cohérence manque à l’appel. En centre-ville, vous supprimez la bande cyclable de la rue Mounié qui figure pourtant au schéma directeur de même nom. Vous réaménagez cette rue sans envisager sérieusement ses relations avec les autres voies que sont la RD920, la rue Jean-Moulin, l’avenue Gabriel-Péri… Sur Antonypole, vous reniez votre propre objectif de limitation des trajets domicile-travail du PADD en créant un quartier dortoir avec presque uniquement des logements. Vous êtes tout fier de vos budgets dits « participatifs » au point de lister parmi les lauréats des années précédentes des projets enterrés, mais vous ne vous emparez pas de généraliser ceux qui vous sont proposés et consacrés à chaque édition.

    Vraiment, dans ce rapport, vous vous payez de belles phrases, de beaux graphiques et de grosses dépenses, nous aurions aimé y trouver la preuve de vos actions résolues mais c’est peine perdue.

    Le Maire a répondu que je disais n’importe quoi. Je maintiens chaque mot.

  • Renoncer n’est pas revenir en arrière

    Dans l’Humanité Magazine de ce weekend, le philosophe Alexandre Monnin explique pourquoi renoncer à certaines technologies (réseaux sociaux, automobile, enneigement artificiel…) devrait être envisagé à l’échelle collective face au réchauffement climatique (voir aussi son livre : Politiser le renoncement. Paris, 2023, Editions Divergences, ISBN : 979-1-097088538).

    Mais il me semble qu’il est nécessaire, dans certains cas, de renoncer aussi individuellement à des attitudes pourtant vertueuses dans cette même optique.

    Vendredi dernier, j’ai vendu la parcelle de forêt dont j’avais hérité à la mort de ma mère.

    Cette petite parcelle, moins d’un hectare, je l’ai toujours connue, je me rappelle y être allé tout gamin avec mon grand-père et mon père vérifier avec du matériel d’arpenteur si la limite ne coupait pas la souche d’un des sapins abattus récemment par un voisin. A l’époque, mon grand-père « regardait pousser ses arbres », se contentant d’éclaircir autour des jeunes et de faire couper par une des trois scieries du canton des beaux arbres à l’occasion d’évènements majeurs – pour le mariage de sa fille ou pour la charpente d’une maison qui se terminait…

    Mais aujourd’hui les épicéas sont attaqués par des scolytes, il faut sortir rapidement du bois les arbres contaminés, les sapins supportent mal la sécheresse en moyenne altitude, un coup de vent m’en a couché un sur deux autres qui soufrent... Mais la seule scierie du coin n’est intéressée qu’à partir d’une quinzaine de billes !… Depuis deux ans, je suis des formations, je lis des journaux, des bouquins, j’assiste aux réunions du syndicat régional. J’ai à peu près compris les déclarations fiscales à faire, les assurances à souscrire, auprès de qui établir une convention de passage pour le sentier de randonnée, comment certifier la parcelle PEFC et le bois en AOC « Bois du Jura », comment récupérer la TVA sur ma prochaine vente… Mais il m’a fallu 3 mois pour le label PEFC, autant pour avoir une réponse de la communauté de communes pour le sentier, je n’ai pas réussi à faire modifier mon numéro SIRET d’apiculteur pour y adjoindre la mention d’exploitant forestier… Dans toutes les réunions du syndicat, on discute du morcellement de la forêt, je découvre que c’est effectivement une plaie. Alors, j’ai décidé de renoncer.

    J’ai vendu la parcelle à mon voisin – mon seul voisin, il s’est agrandi progressivement – je  lui ai expliqué que je vendais la mort dans l’âme en pensant à mon grand-père, il m’a fait une proposition que j’ai acceptée illico, il m’a dit que ma parcelle serait dans de bonnes mains, qu’il s’en occuperait bien. Je suis certain qu’il s’en occupera bien mieux que moi.

    Ah, j’oubliais : on n’a même pas pu boire un coup après avoir signé chez le notaire, j’étais en visio !  Quelle époque !

  • Bon anniversaire, Le Sélect !

    Le weekend dernier, le cinéma d’Antony célébrait ses dix ans. En fait, c’est le nouveau Sélect qui était à la fête, l’ancienne salle avait été ouverte en 1928, sous le nom d’Artistic puisqu’elle n’avait acquis son nom actuel qu’en 1933. Peut-être aurons-nous donc l’occasion d’une cérémonie de vrai centenaire dans 4 ans ?

    J'ai été samedi à la projection de Portait de la jeune fille en feu et dimanche à celle du Sens de la fête. La salle François-Truffaut était presque comble, avec beaucoup de spectateurs (et de spectatrices, notamment pour Portrait de la jeune fille en feu) non-Antoniens, l’assistance plutôt militante le samedi, plus cinéphile le dimanche. Ces deux films ont été suivis d’échanges intéressants avec leurs auteurs. Bref, deux belles soirées.

    Je n’avais pas lu, vendredi 26, l’interview de Christine Beauchemin-Flot, la directrice du Sélect, dans Le Parisien. Je ne l’ai découvert qu’a posteriori ce lundi. C’est aussi bien, cela m’aurait un peu gâché la fête.

    En effet, Christine Beauchemin-Flot se répand en propos désagréables sur ceux (j’en ai fait partie) qui, de 2007 à 2012 avaient critiqué le format et l’architecture du projet initialement présenté. C’est parfaitement son droit d’être désagréable et de laisser entendre qu’elle a été visionnaire et que ceux qui critiquaient (certainement « des ratés sympathiques » selon l’expression de Charlebois…) le pari de conserver une programmation Art & Essai avec quatre salles n’étaient que des détracteurs pusillanimes. Amis du select

    Ce qui est moins acceptable est qu’elle travestisse la vérité.

    Personne à ma connaissance n’a jamais critiqué la perspective d’agrandir le vieux Sélect. Le contre-projet de l’Association des Amis du Sélect et de Citoyens à Antony était bel et bien un cinéma à trois salles.

    Je regrette aussi qu’elle oublie nos propositions d’alors, jugées initialement impossibles mais finalement retenues : je revendique donc aujourd’hui pour mes amis de Citoyens à Antony la double entrée, depuis la nationale 20 et depuis la place du marché, ainsi que le cinéma éphémère qui a évité l’écran noir pendant deux ans.

     Christine Beauchemin-Flot se gargarise d’avoir, avec quatre salles, doublé la fréquentation du vieux Sélect (passant de 90.000 entrées sur la vieille salle unique en 2011 à 150.000 en 2014 avec quatre écrans et maintenant presque 200.000). Cela ne me parait ni extraordinaire (on passe en fait de 400 spectateurs par fauteuil installé et par an avec l’écran unique à 300 avec quatre salles – vraiment pas de quoi se vanter…), ni fondamentalement pertinent. Ce qui est un vrai succès si on veut à tout prix juger un cinéma avec des indicateurs quantitatifs, c’est que le vieux Sélect ne projetait que 250 films par an et que le nouveau en expose désormais 400.

    Enfin, elle conclut sur la politique tarifaire attractive mais, ce faisant, elle fait fi de la réalité : le Sélect est bien plus cher que les autres cinémas Art et essai de la vallée de la Bièvre (notamment le Jean-Vilar à Arcueil) et, à chaque augmentation, les tarifs réduits pour les jeunes et les demandeurs d’emploi, par exemple, augmentent proportionnellement plus que le tarif normal.

  • Penser au plus vulnérable !

    La loi sur le handicap, lancée par le Président Chirac, date de 2005. Bientôt vingt ans plus tard, son premier volet, qui porte sur l'accessibilité généralisée pour tous les domaines de la vie sociale, n’est toujours pas réalisé partout… Chacun le constate sur la voie publique : des places de stationnements affichées comme réservées aux personnes en situation de handicap sont « confisquées » par des véhicules sans droit.

    Toilettes psh lassonMais dans les bâtiments ouverts au public ? J’ai constaté l’an dernier dans un débit de boissons antonien que les toilettes adaptées aux personnes en situation de handicap étaient utilisées pour y stocker du mobilier sans emploi. Pour peu de temps m’a-t-on dit… Malheureusement, j’ai l’impression que ce genre de comportement prend de l’ampleur : voilà dans quel état étaient les toilettes pour handicapés de la salle municipale Henri-Lasson !

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    Actualisation du 12 février 2024 : J'ai alerté le 19 janvier l'élue en charge du handicap ; le 28 janvier, j'ai constaté que les toilettes avaient été remises en état fonctionnel.

  • Bonne année, bonne santé ?

    Le règlement intérieur du Conseil municipal prévoit la possibilité de créer une mission d’information sur des sujets d’intérêt communal. L’article 33 mentionne que la demande doit être signée par 9 conseillers municipaux. Par le passé, les différents groupes d’opposition, qui comptent au total 11 élus, ont demandé et obtenu la création de missions d’information sur la sécurité publique, le logement social et la politique de la ville, à chaque fois sur l’initiative du groupe Antony Terre Citoyenne.

    A la fin de 2023, ATC a proposé aux trois autres groupes minoritaires la création d’une mission d’information sur la santé. Le texte ci-dessous leur a ainsi été proposé :

    Monsieur le Maire,

    Dans le cadre de l'article 33 du règlement intérieur du Conseil Municipal, les conseillères et conseillers municipaux soussignés demandent la création d’une mission d’information et d’évaluation sur les besoins de santé des Antoniens et l’offre existante, en matière de professionnels et de structure de soins et de prévention, ainsi que les moyens et actions de la ville dans ce domaine.  Cette analyse pourra s’appuyer sur les données disponibles auprès des services de la ville, du CCAS, du conseil local de santé mentale, de l’ARS, de l’URPS, des établissements scolaires, de la PMI, etc.

    Voici les domaines que nous souhaitons aborder lors de cette mission : 

    • Diagnostic des besoins de soins et de prévention sur le territoire communal, relativement aux différents publics : petite enfance et enfance, adolescents, adultes, personnes âgées, personnes âgées dépendantes, publics en situation de précarité, femmes, personnes en situation de souffrance psychique, personnes en situation de handicap, etc.

    • Etat des lieux de l’offre de soin sur Antony et les territoires proches : services, établissements  et professionnels de santé, nombre, type et spécialités, projets de santé des établissements, volume d'activité, conditions d'accès (pratiques et financières), répartition selon les quartiers, démographie médicale et perspectives d'évolution ;

    • Activité des instances de coordination de santé intervenant sur le territoire communal le cas échéant : conseil local de santé mentale, conseil territorial de santé, communautés professionnelles territoriales de santé, etc.

    • Focus sur les actions relatives à la santé dans le cadre de la politique de la ville ;

    • Prévention et hygiène : quels besoins, quelles actions, quels résultats ? (vaccinations, lutte contre les animaux nuisibles, lutte contre l'alcoolisme et les autres toxicomanies, lutte contre les infections transmissibles, éducation à la santé et à l'hygiène à l'école, à destination de la population, à destination du personnel communal...).

    Dans l’attente de la mise à l’ordre du jour de ce point lors du prochain conseil municipal, veuillez agréer, Monsieur le Maire, nos salutations républicaines.

    Le groupe « gouvernemental » Antony en mouvement a rapidement donné son accord pour signer cette demande, proposant quelques modifications mineures qui ont semblé pertinentes.

    Le groupe Paix pour le vivant a subordonné sa signature à la suppression de la notion de « lutte contre les animaux nuisibles » et à son remplacement par une référence à une « approche holistique en matière de santé et d’environnement ». Cette exigence a été acceptée même si elle n’a pas été comprise par tous.

    Une conseillère municipale ATC, Isabelle Rémy-Largeau, qui avait donné par deux fois son accord au texte initial, a demandé ensuite la suppression de la référence à la « lutte contre l’alcoolisme ». Là encore, cette exigence a été satisfaite.

    Le groupe Antony Ensemble n’a pas daigné répondre à notre demande.

    Puisque le nombre de signataires n’atteignait que 8, cette mission d’information sur la santé n’aura donc pas lieu. Pas parce que le Maire se désintéresse de la santé des habitants, pas parce qu’il ne veut pas de débats à ce sujet. Parce que parmi les conseillers minoritaires, certains ont souhaité faire la preuve de leur pouvoir de blocage, de leur capacité de nuisance.

  • Les hochets du Président

    Depuis longtemps, la question de l’attribution de la Légion d’honneur entraine des débats. Le principe est qu’il faut des « mérites éminents » pour être décoré et des « mérites nouveaux » pour être promu. Mais le caractère utilitaire de cette décoration a été reconnu par son créateur lui-même : « C’est avec des hochets que l’on mène les hommes » disait Napoléon Bonaparte. Pour éluder la question, les impétrants ont rivalisé de formules : « La Légion d’honneur, ça ne se demande pas, ça ne se refuse pas, ça ne se porte pas » selon François Mauriac - « ça ne se commente pas » ajoutait Jean d’Ormesson pour enfoncer le clou. Certains journalistes, avocats, artistes, universitaires…, soucieux de leur indépendance la refusèrent (« ce n’est pas le tout de la refuser, encore faut-il ne pas la mériter » ajoutait Erik Satie) mais d’autres l’acceptent. Pour preuve de la possibilité de son influence, la loi interdit que les parlementaires puissent la recevoir mais ils sont nombreux à être repêchés une fois redevenus simples élus locaux… Bref, dans l’esprit de celui qui l’accorde et dans celui de ceux qui la recherchent ou l’obtiennent, difficile de ne pas voir des tentations voire des tentatives de remerciement, d’accommodation, de perche à saisir…

    Cet été déjà, la promotion « à titre exceptionnel » au grade d’officier de la Légion d’honneur d’un chirurgien esthétique de l’hôpital américain de Neuilly avait déjà été remarquée et certains avaient attribué cette distinction au fait que ce praticien avait opéré Brigitte Macron quelque temps auparavant.

    Pour la promotion du Nouvel an 2024, on relève d’autres attributions singulières. Ainsi le multimilliardaire Bernard Arnault est-il élevé à la « dignité » suprême de grand-croix : est-ce le capitaine d’industrie (qui a pourtant délocalisé une partie de sa production au Texas) ou le soutien du candidat Emmanuel Macron en 2017 qui a été récompensé ? Pour David de Rothschild, promu grand officier, qui dirigea la banque qui a nourri le banquier d’affaires Emmanuel Macron de 2008 à 2012, impossible de ne pas penser à un renvoi d’ascenseur.

    D’ailleurs, cet entre-soi protecteur que le suzerain accorde à ses obligés peut persister, si tel est son bon plaisir, même en cas de défaillance du vassal : « la Légion d'honneur est un ordre qui n'est pas là pour faire la morale » a édicté récemment le grand-maître Emmanuel Macron en rejetant l’idée de retirer sa décoration à Gérard Depardieu alors qu’il l’avait fait pour Harvey Weinstein. C’est mes jouets et mes copains, je fais comme je veux, na !

  • Conseil municipal : focus sur... (7)

    Le conseil municipal d’Antony se tient en principe tous les deux mois. L’ordre du jour est fixé par le maire, il comporte plusieurs dizaines de délibérations sur des projets de décisions. Chacune est présentée par un élu de la majorité, qu’on appelle le rapporteur. Les élus des minorités posent des questions, demandent des éclaircissements, expliquent pourquoi ils sont d’accord ou pas sur la décision proposée. Puis le conseil municipal vote et on passe au point suivant. Ce processus emmène l’assemblée jusque tard dans la nuit… Les enregistrements vidéo des réunions sont accessibles sur le site de la mairie (Vidéos du Conseil municipal | Ville d'Antony (ville-antony.fr)). 

    Pour chaque réunion du Conseil, je donnerai ici un coup de projecteur sur un des sujets qui auront été traités.Tulkarm sderot antony

    Pour ce mois de décembre 2023, le focus sera sur : la solidarité avec les villes jumelles.

    L’ordre du jour du Conseil appelait l’attribution de deux subventions exceptionnelles : l’une de 50 000 € pour Sdérot, ville israélienne jumelée avec Antony et l’autre de 20 000 € pour les victimes civiles de la bande de Gaza ; j’ai exposé ce qui suit.

    Nous sommes évidemment favorables à l’octroi d’une subvention à notre ville jumelle de Sdérot, durement touchée par l’attaque meurtrière du 7 octobre. Nous sommes en accord avec son montant qui est à la hauteur de ce que nous avons fait il y a peu pour Taroudant. Nous sommes aussi favorables à l’octroi d’une aide aux populations civiles de Gaza touchées par les bombardements massifs de ces dernières semaines et isolées du reste du monde par le blocus israélien depuis juin 2007.

    En revanche, nous regrettons que vous ayez limité l’aide à Gaza à moins de la moitié de l’aide apportée à Sdérot. Ce faisant, vous semblez penser qu’une vie ne vaut pas toujours une vie et vous aidez une ville de 20 000 habitants d’un état riche d’un PIB de plus de 50 000 dollars par habitant davantage qu’une communauté de 2 millions d’habitants au PIB dix fois moins élevé.

    Bien sûr Sdérot est notre ville jumelle et Gaza ne l’est pas. Certes. Mains nous vous avons justement demandé depuis longtemps et encore tout récemment lors du séisme de Taroudant, d’établir un jumelage avec une ville palestinienne. Je renouvelle ce soir cette demande en vous proposant la ville de Tulkarem, au nord de la Cisjordanie.

    Enfin, je vous rappelle qu’il y a deux mois, vous étiez favorable à l’ouverture de la commission extra-municipale des jumelages aux groupes minoritaires de notre assemblée, mais l’ordre du jour de ce soir est muet à ce sujet.

    La délibération sur la subvention à Sdérot a été votée à l’unanimité. Celle sur la subvention aux populations civiles de Gaza a été votée à l’unanimité moins un vote contre émis par un des conseillers municipaux du groupe majoritaire, M. Aviel Bensabat.

  • Fünfzig Grade in Reinickendorf: wer ist schuld?

    L’autre soir à Antony, le café écolo de novembre accueillait une soirée-débat sur les possibilités communales d’action face au dérèglement climatique. Une adjointe à la maire de Paris, élue Génération.s et contributrice au rapport Paris à 50°C insistait sur la nécessité d’aides de l’Etat aux collectivités et donc de porter des écologistes au pouvoir aussi au niveau national.

    Cependant, les habitants de notre ville jumelle ont bien du souci à se faire : Robert Habeck, ministre allemand de l’économie, vient de donner son feu vert à la remise en exploitation de la mine à ciel ouvert de Garzweiler. Cette mine de lignite est considérée comme une des principales bombes de carbone du continent, elle va permettre le fonctionnement de quatre centrales thermiques, dont celle de Jänschwalde dans le Brandebourg, pas loin de Reinickendorf, a priori jusqu’en 2030. Il faut bien compenser l’arrêt par ce même Robert Habeck de trois centrales nucléaires qui fournissaient de l’électricité décarbonée…

    Ah, j’oubliais : Robert Habeck est aussi ministre du climat et il est écologiste.

  • Conseil municipal : focus sur… (6)

    Le conseil municipal d’Antony se tient en principe tous les deux mois. L’ordre du jour est fixé par le maire, il comporte plusieurs dizaines de délibérations sur des projets de décisions. Chacune est présentée par un élu de la majorité, qu’on appelle le rapporteur. Les élus des minorités posent des questions, demandent des éclaircissements, expliquent pourquoi ils sont d’accord ou pas sur la décision proposée. Puis le conseil municipal vote et on passe au point suivant. Ce processus emmène l’assemblée jusque tard dans la nuit… Les enregistrements vidéo des réunions sont accessibles sur le site de la mairie (Vidéos du Conseil municipal | Ville d'Antony (ville-antony.fr)). 

    Pour chaque réunion du Conseil, je donnerai ici un coup de projecteur sur un des sujets qui auront été traités.

    Pour ce mois de septembre 2023, le focus sera sur : le respect des minorités.

    L’ordre du jour du Conseil appelait la désignation au scrutin secret d’une conseillère municipale pour siéger au Conseil de territoire Vallée Sud Grand Paris, suite au décès de Rosa Dumoulin. La ville d’Antony y est représentée par 13 conseillers, élus lors de l’installation du Conseil municipal en 2020 : 11 de ces conseillers sont issus de la majorité municipale et deux des minorités (David Mauger pour le groupe Antony Terre Citoyenne et Maroun Hobeika pour le groupe Antony ensemble).

    Se sont présentées : Anne Fauret pour le groupe majoritaire Antony avec vous et Agnès Chabot pour le groupe Antony en mouvement.

    Les résultats ont été : 49 présents et représentés, 44 votants, 37 voix pour Anne Fauret (élue), 6 voix pour Agnès Chabot, 1 vote blanc.

    Avant le vote, la présidente du groupe Antony en mouvement Nadia Desbois avait appelé solennellement l’ensemble du Conseil municipal à voter pour Agnès Chabot, puisque, selon elle, son groupe était le seul à ne pas être représenté au Conseil de territoire. Après le vote, elle a regretté qu’Agnès Chabot n’ait pas bénéficié au moins des votes des élus Antony Terre Citoyenne.

    De fait, la question se posait. D’une part, ATC ne présentait pas de candidat à cette élection puisque nous sommes déjà représentés par David au Conseil de territoire et que l’équilibre politique de cette assemblée ne pouvait pas être modifié par la désignation d’un seul nouveau membre. D’autre part, dans notre programme municipal de 2020, nous nous étions engagés, au cas où nous aurions été majoritaires, à respecter les droits des minorités (par exemple en leur laissant la vice-présidence de la commission des finances). Enfin, Agnès Chabot a montré sur le début de ce mandat des attitudes nuancées en matière sociale et même des positions progressistes en matière sociétale, notamment sur la défense de la laïcité.

    Ce vote peut toutefois être éclairé par au moins deux éléments. Au début du mandat, le groupe Antony en mouvement a fait le choix d’une alliance avec Antony ensemble (droite dure) pour obtenir un poste à la commission d’appel d’offres, sans être alors gêné par l’élimination d’une sensibilité politique minoritaire, à savoir la gauche. Par ailleurs, depuis trois ans, on n’a pas vu de conseillers municipaux macronistes antoniens sur les bancs du public au Conseil de territoire, ni aux visioconférences des commissions territoriales. Cet intérêt soudain pour les questions intercommunales était-il autre chose que conjoncturel ?

    Précision : j’ai participé au vote.

  • Salut Gérard !

    Gérard Baldit est mort. C’était mon voisin – un peu plus haut sur le même côté de la rue. C’était aussi plus que ça : un gars avec lequel il faisait bon discuter de l’aménagement de la place Céline en allant au marché ou des oiseaux dans sa haie et de mes abeilles dans son jardin. C’était aussi le père de mon copain Maxime qui ouvrait volontiers sa maison pour accueillir Fabien, Denis et les autres pour préparer une nouvelle campagne électorale. C’était une victime du Covid que l’on avait vu avec soulagement revenir chez lui après tant de semaines à l’hôpital, puis ressortir doucement en ville… C’était un père et un grand-père fier de sa descendance. Il est mort dans son île, j’espère que sa fin a été paisible. Salut Gérard !

  • Réforme orthographique du français : vers la fin de l’inertie étatique ?

    La semaine dernière, est parue dans Le Monde une tribune signée par un collectif de linguistes, d’écrivains et d’autres intellectuels appelant à « mettre à jour notre orthographe ». Les auteurs de ce texte font le triple constat de l’immobilisme de l’orthographe de la langue française depuis 1878, des mauvais résultats des pays francophones dans les enquêtes de suivi des élèves et du temps perdu par les enseignants et les élèves dans l’acquisition (approximative) de normes incohérentes.

    Ils demandent la mise en œuvre réelle des révisions orthographiques de 1990, non seulement à l’école (c’est fait depuis 2008) mais aussi au collège et au lycée. Ils proposent aussi de supprimer l’accord du participe passé avec le complément d’objet direct placé avant l’auxiliaire « avoir ». Et ils suggèrent de régulariser en –s les pluriels actuellement en –x, pour eux, il faut enfin « ouvrir les yeus ».

    Je ne peux que saluer cette prise de position. Quinze ministres français de l’éducation se sont succédé depuis 1990 (dont des « pointures » telles que Jack Lang, Lionel Jospin, François Bayrou ou François Fillon) sans que les rectifications orthographiques, bien modestes, initiées par Michel Rocard, établies par le Conseil supérieur de la langue française et acceptées par l’Académie française se retrouvent dans les manuels des collèges. Si Gabriel Attal pouvait lâcher cinq minutes la question de l’abaya à l’école, il aurait l’occasion de faire œuvre utile. Pour ma part, j’avais dès 2008 pris mes responsabilités en ce qui concernait la pharmacie hospitalière (Défendre la langue française en la simplifiant. Le Pharmacien hospitalier 2008 ; 43 (175) : 187-8)Dfensefranaisdfensefranais.pdf (1.71 Mo), je n’ai rien à retrancher à ce que j’écrivais alors.

  • Maud Bregeon, députée hors-sol.

    Depuis le début, on nous bassine : Maud Bregeon est députée mais elle est tellement compétente sur l’énergie et tellement bien vue du Président qu’elle va monter au gouvernement au premier remaniement ! Mais en attendant, il faut bien se montrer : à l’Assemblée avec le succès que l’on sait sur la fusion ASN-IRSN, mais aussi en circonscription.

    Donc, ce mercredi 11 octobre à 19 heures, l’espace Vasarely sera le réceptacle de la célébration de la première année de mandat de Maud Bregeon. Un quatre pages en couleur sur papier glacé (quoi qu’il en coute…) annonce cette manifestation où Maud Bregeon devrait apparaitre proche de « sa » circonscription. 

    Maud bregeon

    Sauf que…

    Sauf que l’éditorial ne semble pas avoir été rédigé, ni même relu, par elle. Il débute en effet par « Voilà plus d’un an que vous m’avez élu ». Oui, élu, pas élue. Ca sent le texte-type, centré sur la politique nationale, diffusé à chaque député marcheur charge à lui/elle de l’adapter un peu – ou pas. Ou bien le travail vite fait d’un stagiaire assistant parlementaire débordé.

    Sauf aussi que le diaporama « en circonscription » de la page 3 fourmille d’incongruités : rentrée des classes aux côtés du « maire de Châtenay-Malabary Carl Segeaud » (à Châtenay-Malabry, on l’appelle plutôt par son nom : Carl Ségaud) ; inauguration du « salon du vin et du fromage d’Antony » (en réalité, la foire aux fromages et aux vins) ; et la « rencontre avec les soignants de l’hôpital d’Antony », plus connu par son sigle (HPA) ou par son vrai nom (hôpital privé d’Antony).

    Je suis dur. Ce n’est pas si facile de s’exiler aux confins de l’Essonne et du Val-de-Marne quand on vient de Levallois et de s'attarder quelques jours par mois aux alentours du parc de Sceaux. Il faut découvrir tellement de détails futiles qui n’ont d’importance que pour ces électeurs obtus attachés au territoire où ils vivent : le nom des villes, des maires, des fêtes, des équipements… Mais dans quelques semaines ou mois, tout cela pourra être oublié, Maud Bregeon sera ministre et notre député sera son suppléant actuel, Christophe Mongardien.

    Ah, au fait, Madame Bregeon, le nom de votre suppléant, c’est Christophe Mongardien, pas « Christophe Montgardien ». Encore un détail…

  • L’incendiaire et le champion

    La mecheL’éditorial de Jean-Yves Sénant dans Vivre à Antony de septembre (Les incendiaires et les champions) était vraiment « malaisant » comme disent désormais nos jeunes. Pas tellement pour la comparaison entre une rage collective destructrice (les émeutes de fin juin liées à la mort de Nael Merzouk à Nanterre) et un investissement personnel continu (la performance nationale en saut en longueur de Dreyfus Gbadjale, jeune habitant d’Antony) : fallait-il deux tiers de page pour énoncer des banalités dans le genre « détruire c’est mal - sans cesse sur le métier remettons notre ouvrage… » ? Non, le malaise tenait à la troisième colonne de l’éditorial où Jean-Yves Sénant a tutoyé la limite avec la xénophobie et le racisme. Citons l’auteur : « Alors, pourquoi ces incendiaires ? Qu’est-ce qui a conduit ces jeunes, dont les familles ont quitté un jour leur pays et ont choisi de venir s’établir en France, à concevoir une telle haine pour notre pays… » (soulignement par moi).

    Comment Jean-Yves Sénant sait-il que les incendiaires du Mont-Blanc et de Tabarly sont des jeunes ? Comment sait-il que leurs familles sont originaires de pays étrangers ? Comment connait-il leurs motivations ? Et s’il y avait parmi ces incendiaires de vieux Bretons séparatistes ? Non, Jean-Yves Sénant nous abreuve de ses a priori. Pour lui, la violence est forcément l’œuvre de jeunes, d’immigrés de la deuxième ou troisième génération et qui rejettent la Nation et la République.

    Cela s’appelle l’amalgame : confondre volontairement des concepts distincts dans un but de discrédit. Et revenir de cette façon sur ces évènements violents évidemment inacceptables sans même évoquer d’une phrase la possibilité d’autres raisons (par exemple : une révolte contre une société perçue comme inégalitaire, injuste et stigmatisante), c’est jeter de l’huile sur des braises encore chaudes. Autrement dit, c’est Jean-Yves Sénant qui est à la fois l’incendiaire et le champion de l’amalgame !

  • Archéologie de l'écologie

    Michel rambaut 2008 11

    Mon beau-père, Michel Rambaut, qui fut physicien nucléaire au CEA, est mort en 2009. Récemment, son épouse Geneviève a mis la main sur un de ses manuscrits, préparé en 1985 pour une « planche » devant sa loge maçonnique. Anne et moi avons découvert ce texte qui, malgré ses 38 ans, nous a semblé terriblement actuel. Avec l’accord de ma belle-mère, nous le divulguons aux profanes, sans aucune modification.

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    Pour une prise en compte du problème de l’écologie mondiale

    Qui n’a pas entendu parler des pluies acides sur l’hémisphère nord, aussi bien au Québec qu’en Scandinavie, ces pluies qui font mourir les forêts. Qui n’a pas entendu parler de la diminution en vingt ans du tiers de la forêt amazonienne. Qui n’a pas entendu parler de la pollution chimique d’un fleuve énorme comme l’Angara en Sibérie. Ce ne sont là que des exemples, mais qui sont l’indice du fait que l’impact de l’homme sur la biosphère devient de plus en plus lourd.

    Entrainée dans le tourbillon du progrès technique, la majorité des hommes modernes vit comme si nous disposions d’une biosphère de dimensions infinies. Il est certes dérangeant pour l’esprit de prendre conscience de ce que la biosphère n’est qu’une mince pelure de moisissure à la surface de la planète Terre, isolée dans l’immensité de l’espace. Le défaut de prise de conscience de cette dure réalité est explicable car nos mentalités ont été forgées par une culture qui remonte au néolithique, il y a quelques millénaires, alors qu’il n’y avait que quelques habitants par km² en Europe. Il y avait équilibre entre l’homme et le milieu naturel. Il est nécessaire de se rendre compte que cet équilibre est rompu. Notre civilisation et notre mode de vie sont devenus extrêmement fragiles face à la moindre situation accidentelle, soit naturelle, soit artificielle.

    L’homme n’est pas la première espèce à avoir submergé la planète et à lui avoir imposé sa loi. Les fameux dinosaures l’ont dominée durant une bonne centaine de millions d’années. Puis ils ont disparu brutalement il y a environ 60 millions d’années ; d’après la théorie la plus récente cette disparition serait due au passage de la Terre à travers un nuage stellaire comme il en existe beaucoup dans notre galaxie : le climat devint plus froid, les végétaux se raréfièrent et le milieu naturel ne fut plus à même de subvenir aux besoins considérables de ces créatures. C’est pourquoi on retrouve de nos jours de longues files d’ossements des restes de cette espèce groupée en divers emplacements de la planète. Seules résistèrent à cet aléa stellaire des espèces plus rustiques, dont les besoins étaient moins importants, les premiers mammifères.

    Il serait nécessaire de tenir compte de cette leçon de la nature, bien que le règne de notre espèce soit très récent sur cette planète, mais alors que son emprise sur elle est bien plus forte que celle des dinosaures.

    Il y a peu de temps, c'est-à-dire quelques millénaires ou même quelques siècles, l’homme vivait décemment en symbiose avec le milieu naturel. Les premières grandes métropoles comme Athènes, Alexandrie avaient un impact négligeable sur le milieu naturel.

    Au contraire de nos jours pour assurer la survie du milieu naturel et la sienne propre, l’homme doit se garder de toute erreur. De quel pourcentage, raser complétement la forêt amazonienne ferait augmenter le taux de gaz carbonique dans l’atmosphère de la planète ? C’est le genre de question que l’homme en tant qu’espèce doit se poser.

    Faire tout ce qu’il faut pour préserver le milieu naturel devrait être notre règle d’or, en ayant à l’esprit que le progrès technique pose beaucoup plus de problème qu’il n’en résout.

    C’est à son intelligence que l’espèce devra sa survie, autant qu’au respect de la nature.

    Ce problème d’écologie mondiale a en fait un aspect à la fois philosophique et symbolique. Il s’agit de retrouver principalement le sens du symbole de la déesse Mère, que l’on rencontre par exemple à la fois chez les habitants de l’Amérique du nord d’avant 1492, et à l’emplacement de l’Ukraine actuelle, mais il y a 20 000 ans. C’est ainsi que les Algonkins par exemple avaient vécu pendant 40 000 ans en équilibre avec leur Mère la Terre. Le respect de la nature aussi bien chez eux que chez les anciens gaulois se traduisait par une foule de symboles qui exprimaient la quintessence d’une réalité où chaque chose et chaque être devait avoir sa place.

    Avec le temps, le symbole pouvait se faire mythe, il n’empêche que par exemple l’idée symbolique de dieu tutélaire de la source, de génie du bois sacré, d’esprit du fleuve, assurait le respect du milieu naturel.

    Je me demande si nous n’avons pas abusé de symboles qui représentent uniquement la capacité de l’homme à agir, à construire mais aussi à dominer et à détruire. Il est des outils qui sont des armes contre la vie : je laisse à chacun le soin de trouver des exemples. Cela a peut-être été une étape nécessaire et bénéfique dans le développement matériel et moral de l’humanité, et peut-être aussi dans celui de la Franc-Maçonnerie. Il faut se demander si cette étape n’est pas finie.

    En revanche le progrès consistera peut-être à l’avenir à retrouver une dimension perdue, sans pour cela rejeter l’acquis de la connaissance et de siècles d’efforts scientifique et technique, et en s’efforçant de comprendre à nouveau des sentiments et des symboles enfouis dans le passé !

    J’estime personnellement que notre ordre ferait œuvre utile en proposant comme sujet d’études celui de l’écologie mondiale et des rapports nécessaire avec le symbolisme. Cette proposition pourrait commencer par venir de cet atelier.

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    Commentaires :

    Tout au long de ce texte, destiné à être lu, Michel Rambaut écrit « l’homme » et pas « l’Homme ». Il est cependant bien évident qu’il ne veut pas parler du masculin, à distinguer de la femme, mais de l’être humain (il parle d’ailleurs de « l’homme en tant qu’espèce »), confronté au milieu naturel, à la biosphère, à l’avenir ou à … l’Etre suprême.

    Michel Rambaut attribue l’extinction Crétacé-Paléogène à la traversée par notre planète d’un « nuage stellaire ». Cette théorie, discutée à l’époque de la rédaction du texte et encore soutenue ponctuellement il y a quelques années, n’est, à l’heure actuelle, plus vraiment défendue ; le consensus scientifique s’établit désormais sur l’impact d’un astéroïde, éventuellement suivi d’éruptions volcaniques.

    Ces deux bémols mis à part, je suis estomaqué par l’actualité des assertions ou allusions (la submersion de la planète, le taux de CO2 dans l’atmosphère, la personnalisation d'éléments de l'environnement), par la vigueur des formules (« la biosphère n’est qu’une mince pelure de moisissure à la surface de la planète ») et par l’ambition finale (c’est à son intelligence que l’espèce devra sa survie). Mais cet espoir est-il bien placé ? Je n’en suis pas certain.

  • Antony dans le JDD.

    Qui l’eut cru ? J’ai découvert dans le Journal du Dimanche l’autre jour, grâce à l’obligeance d’une citoyenne d’Antony dont le père travaillait à l’imprimerie (merci Catherine !), une enquête sur la banlieue parisienne en général et notre ville en particulier sous la plume de Victor Franco et Georges Moraux : Qu’est-ce qui ne va pas en banlieue ?

    Dès le premier abord, je suis surpris par le style des journalistes : ils citent Steinbeck à propos de l’urbanité et pas Geoffroy Lejeune sur le grand remplacement. Le JDD serait-il finalement plus proche du Nouvel Obs que de Valeurs actuelles ?

    Toujours est-il que leur parole semble vive et franche et qu’elle ne dissimule pas la réalité de notre cadre de vie. On découvre ainsi au fil de leur reportage ce qu’ils appellent « une cité futuriste au milieu des bourbiers » (sans doute le nouveau quartier Jean-Zay ?). Ils mettent en lumière sans concession « des transports archaïques » (évidemment le RER B). Ils évoquent « l’isolement et l’ennui » dans la cité qui « somnole le jour et dort la nuit » : comment leur donner tort quand Le Sélect est fermé cet été et que les Antoniens cinéphiles doivent se réfugier au Trianon ? Ils déplorent « la dispersion administrative », ayant évidemment constaté que le guichet SNCF le plus proche est à Massy, que la caisse d’allocations familiales est à Châtenay, la Sécurité sociale à Nanterre et le centre des Finances publiques à Vanves… Ils soulignent aussi des « rivalités de clochers d’un autre âge » : ils ont certainement entendu Jean-Yves Sénant refuser lors du dernier conseil municipal l’idée même de subventionner un peu la MJC et le centre de santé de Fresnes dont le tiers des usagers vient d’Antony.

    Mais au moment de copier le lien vers le site du journal pour que vous puissiez approfondir cet article de presse, je découvre un peu tardivement que ce numéro du Journal du Dimanche est daté du… 29 novembre 1964 ! Certainement que Jean-Yves Sénant, en amateur éclairé du cinéma italien, a fait de la réplique culte du Guépard sa devise secrète : « il faut que tout change pour que rien ne change ».

  • Pas de prisonniers !

    Avez-vous écouté Le Téléphone sonne sur France Inter mardi 25 juillet ? Non ? Vous auriez dû.

    Un syndicaliste policier (Jean-Christophe Couvy, présenté comme secrétaire national du syndicat Unité SGP Police FO) s’exprime au sujet de la « fronde des policiers » qui se traduit, notamment à Marseille, par des arrêts maladie, suite au placement en détention provisoire d’un policier mis en examen.

    Il prononce textuellement (à partir de 33 min 50 et jusqu’à 35 min 15) :

    On a une hiérarchie : Préfet, hiérarchie policière… qui disent « Ecoutez, on a des geôles de garde à vue qui sont pleines, les officiers de police judiciaire (je suis désolé) sont débordés, on fait le ménage et pas de prisonniers, parce qu’il faut à un moment donné récupérer la rue ». Bon. Après chaque policier effectivement reçoit cette information et a son taux de résilience, sachant qu’il faut remettre tout ça dans un contexte et je suis d’accord pour remettre dans un contexte : quand on est en période d’émeute où il n’y a plus de…, j’allais dire : plus de légitimité, c’est l’anarchie totale, eh bien, on reprend le terrain comme on peut avec les moyens que l’administration nous donne.

    Etonnement, les journalistes ne lui demandent pas de préciser son propos : ce qu’il entend par « Pas de prisonniers », « Plus de légitimité », « on reprend le terrain comme on peut avec les moyens que l’administration nous donne ». On en est donc réduit à interpréter.

    « Pas de prisonniers » ou « Pas de quartier », c’est, en termes militaires, le fait pour le vainqueur de ne montrer aucune clémence ou aucune pitié envers les vaincus et de refuser d'épargner leur vie après leur capitulation sans condition. C’est ça notre police ? C’est ça le message que le préfet et les contrôleurs généraux envoient aux policiers de terrain ? En tout cas, comme dit notre syndicaliste, chaque policier reçoit cette consigne et fait avec ce qu’il comprend ou croit comprendre. De mon côté, je n’ai pas compris « « le taux de résilience » de chaque policier mais c’est vrai que je n’ai pas eu de formation de psychologie appliquée au maintien de l’ordre…

    « Plus de légitimité » : de quel côté ? Est-ce à dire qu’un manifestant est légitime à montrer pacifiquement son opposition à des politiques gouvernementales mais qu’il ne l’est plus quand il le fait en dégradant des biens ou en attaquant des personnes ? Ou bien que la police est légitime à encadrer et contraindre une manifestation pacifique mais qu’elle ne l’est plus si elle emploie elle-même la violence de façon préventive ? On ne sort de l’ambigüité qu’à son détriment, mais, oui, les deux mon capitaine !

    « On reprend le terrain comme on peut avec les moyens que l’administration nous donne » : donc aussi avec des moyens de force intermédiaire ou avec des armes létales, c’est selon ? La fin justifie tous les moyens ?

    Je ne peux pas imaginer que des policiers sortent des fourgons avec l’envie d’enfoncer des crânes ou de casser des tibias. Je suis peut-être naïf. Mais soit notre syndicaliste dit n’importe quoi et c’est un peu problématique car il est, qu’on le veuille ou non, un peu un référent professionnel pour les policiers, soit il expose vraiment le contexte hiérarchique et il va falloir revoir le programme de formation non seulement des écoles de police mais aussi de l’Institut national du service public. Maurice Grimaud, réveille-toi, ils sont devenus fous.