Transparence, indépendance et pérennité des médias : quelles possibilités ?

On voit aujourd’hui la place démesurée accordée à un « éditorialiste » de droite extrême dans les médias, notamment mais pas uniquement, radiotélévisés. La question des liens d’intérêt entre ce mouvement politique pas encore assumé et certains groupes de presse se pose évidemment. Un autre exemple a été montré récemment avec les commentaires laudatifs des actions de Bernard Tapie, et pas seulement dans les journaux qu’il possédait. Les rédactions des médias sont-elles en situation de rapporter des faits, de poser des questions, d’émettre des commentaires qui pourraient déplaire aux propriétaires de leur titre ?

Julia Cagé, une économiste, et Benoît Huet, un avocat, se saisissent de ce sujet dans un ouvrage récent. Dépassant rapidement les constats, ils décortiquent, à partir d’exemples passés ou actuels, les outils ayant été employés pour assurer la pérennité et l’indépendance des titres de presse. La forme juridique des entreprises éditrices et des groupes propriétaires est détaillée, avec les avantages et les limites de chaque cas : fondation, association, société anonyme, SARL, SAS, coopérative, fonds de dotation… Malgré la technicité de l’approche, on est presque surpris que la précision de l’analyse ne gêne pas la facilité de lecture. Face au constat qu’il n’existe pas de système idéal, les auteurs font des propositions concrètes, notamment une proposition de loi de démocratisation de l’information. Ce livre représente, sur un sujet sociétal essentiel, une démarche analytique et synthétique à saluer.

Julia Cagé & Benoît Huet. L’information est un bien public. Seuil, 2021. ISBN 978-2-02-148315-4, 257 p., 15 €.

Date de dernière mise à jour : 12/11/2021