Ile-de-France

  • Schéma directeur régional

    Le Schéma directeur régional d'Ile-de-France est en concertation pour encore quelques jours. Pas très facile cependant d'y contribuer efficacement : il faut donner son avis dans différentes catégories et thématiques, ce qui est probablement plus simple à exploiter mais ruine toute tentative de vision d'ensemble un peu cohérente...

    J'ai donc déposé, non pas un avis, mais une demi-douzaine d'avis. Je copie ci-dessous une version consolidée globale.

    De façon surprenante, il n’y a presque rien dans ce SDRIF dit « environnemental » sur la nécessité de vivre et de travailler dans un environnement sans pollutions de l’air, de l’eau et des sols… Rien non plus sur la lutte contre la sécheresse estivale et les incendies de forêt qui touchent déjà les régions du Nord de l’Hexagone… Par ailleurs, est-il bien nécessaire de favoriser (au détriment de terres perméables) l’extension du parc Disney, symbole de l’abêtissement et du marchandisage du divertissement ? Je suis en outre favorable à la sanctuarisation de la totalité du triangle de Gonesse et pas seulement d’une partie de celui-ci.

    Sur le volet Zéro artificialisation nette, la problématique ne peut pas se résumer à un bras de fer avec l’Etat pour savoir si les opérations de ce dernier doivent impacter le calcul ou pas. Il faudra évidemment déterminer à quelle échelle le calcul devra être fait : il serait absurde de le faire au niveau régional en compensant une artificialisation totale en petite couronne par une perméabilité presque totale ailleurs ; l’échelle intercommunale serait sans doute la plus adaptée (communauté de communes, communauté d’agglomération, communauté urbaine en grande couronne, établissement public territorial en petite couronne. Il conviendrait aussi de faire préciser comment doivent être considérées les surfaces artificielles mais perméables (ex : circulations et stationnements couverts d’enrobés drainants). Je précise que, si je ne suis pas favorable à la construction de prison sur des terres actuellement agricoles, il ne faut pas rejeter pour autant de tels projets sur des positions dogmatiques : notre pays et notre région ont besoin d’établissements pénitentiaires nouveaux et modernes, il nous revient d’accueillir ces projets en responsabilité.

    Sur le volet Attractivité, attention à maintenir sur l’ensemble du territoire régional des emplois de fonctions et de niveaux diversifiés. L’Ile-de-France ne peut pas et ne doit pas devenir une zone de haute technologie, il est absolument indispensable de conserver des emplois de production et de logistique industrielles.

    Concernant la lutte contre les émissions de CO2, il importe de développer les transports à faible émission (transport de marchandises par voie fluviale, par exemple), de décourager l’utilisation de véhicules particuliers pour les mobilités urbaines, de soutenir les pratiques sylvicoles (stocker du carbone dans des arbres en forêt puis dans des constructions en bois).

    Sur le volet Economie circulaire, il conviendra de concilier un équilibre entre les zones agricoles périphériques à conserver et l’agriculture urbaine à développer.

    Concernant le logement, il est indispensable de stopper l’étalement urbain, source d’augmentation de temps de transport domicile-travail et donc d’émission de gaz à effet de serre. Il faut donc construire la ville sur la ville et, pour ne pas artificialiser davantage, il faut le faire en hauteur. L’objectif de mixité sociale dans chaque territoire doit être affiché : chacun doit pouvoir se loger décemment à proximité de son lieu de travail, des leviers permettant la création d’une offre accessible de logements devront être trouvés et mis en œuvre. Mais je ne suis pas favorable à la « norme anti-ghetto » avec un seuil maximal de 30% de PLAI par commune : quand des communes ne respectent pas (ou trainent les pieds pour appliquer) les taux minimum de logements sociaux sur leur ville, leurs voisines sont amenées logiquement à compenser cette insuffisance ; alors, soit cette norme anti-ghetto devra s’appliquer à la globalité de l’EPT, soit le seuil devra être supérieur à 30%.

    Le volet Mobilités ne doit pas se limiter au métro, au RER et au vélo. La marche à pied, salutaire d’un point de vue sanitaire, doit être encouragée pour les déplacements de proximité et en complément des autres modes de déplacement. La question des trajets pendulaires de banlieue à banlieue ne sera pas résolue uniquement par les lignes de métros du Grand-Paris : des lignes de bus en petite couronne et d’autocars en grande couronne doivent être créées pour rendre possibles ces déplacements sans passer par Paris. Il serait inconcevable de ne pas conserver, améliorer et prolonger des liaisons ferroviaires existantes correspondant à ce besoin (Orlyval entre Antony et Orly, RER C entre Choisy et Versailles, par exemple). Les revêtements des autoroutes urbaines existantes doivent être modernisés : enrobés phoniques pour diminuer les nuisances sonores, enrobés drainants pour permettre la pénétration des sols par la pluie).

    Concernant le volet Résilience :

    La lutte contre les inondations doit être réformée : elle repose actuellement sur un mille-feuilles de compétences où la Région n’a pas sa place (collecte des eaux pluviales par les EPT, transport par les départements, GEMAPI relevant de la Métropole, lutte contre les pollutions par les agences de bassin). La Région doit prendre l’initiative de provoquer une simplification permettant une gestion rapide et efficace de la lutte contre les inondations en gardant à l’esprit que les inondations ne sont pas que le fait de la Seine…

    La question de l’énergie doit prendre en compte la question de l’enfouissement des lignes à haute tension en secteur urbanisé.

    La question de la santé devrait apparaitre plus clairement dans ce SDRIF. L’Assistance publique-Hôpitaux de Paris est, après tout, le centre hospitalier universitaire et régional d’Ile-de-France, on s’attend à ce que la Région ait un projet pour soutenir notamment cet acteur incontournable, tout en préservant les centres hospitaliers de proximité en particulier en grande couronne et les établissements privés non lucratifs (notamment mais pas uniquement en ce qui concerne les soins de suite, la psychiatrie et la cancérologie).

    Bruno EDOUARD, Conseiller municipal d’Antony (92)