Jean-Yves Sénant

  • L’incendiaire et le champion

    La mecheL’éditorial de Jean-Yves Sénant dans Vivre à Antony de septembre (Les incendiaires et les champions) était vraiment « malaisant » comme disent désormais nos jeunes. Pas tellement pour la comparaison entre une rage collective destructrice (les émeutes de fin juin liées à la mort de Nael Merzouk à Nanterre) et un investissement personnel continu (la performance nationale en saut en longueur de Dreyfus Gbadjale, jeune habitant d’Antony) : fallait-il deux tiers de page pour énoncer des banalités dans le genre « détruire c’est mal - sans cesse sur le métier remettons notre ouvrage… » ? Non, le malaise tenait à la troisième colonne de l’éditorial où Jean-Yves Sénant a tutoyé la limite avec la xénophobie et le racisme. Citons l’auteur : « Alors, pourquoi ces incendiaires ? Qu’est-ce qui a conduit ces jeunes, dont les familles ont quitté un jour leur pays et ont choisi de venir s’établir en France, à concevoir une telle haine pour notre pays… » (soulignement par moi).

    Comment Jean-Yves Sénant sait-il que les incendiaires du Mont-Blanc et de Tabarly sont des jeunes ? Comment sait-il que leurs familles sont originaires de pays étrangers ? Comment connait-il leurs motivations ? Et s’il y avait parmi ces incendiaires de vieux Bretons séparatistes ? Non, Jean-Yves Sénant nous abreuve de ses a priori. Pour lui, la violence est forcément l’œuvre de jeunes, d’immigrés de la deuxième ou troisième génération et qui rejettent la Nation et la République.

    Cela s’appelle l’amalgame : confondre volontairement des concepts distincts dans un but de discrédit. Et revenir de cette façon sur ces évènements violents évidemment inacceptables sans même évoquer d’une phrase la possibilité d’autres raisons (par exemple : une révolte contre une société perçue comme inégalitaire, injuste et stigmatisante), c’est jeter de l’huile sur des braises encore chaudes. Autrement dit, c’est Jean-Yves Sénant qui est à la fois l’incendiaire et le champion de l’amalgame !

  • Antony dans le JDD.

    Qui l’eut cru ? J’ai découvert dans le Journal du Dimanche l’autre jour, grâce à l’obligeance d’une citoyenne d’Antony dont le père travaillait à l’imprimerie (merci Catherine !), une enquête sur la banlieue parisienne en général et notre ville en particulier sous la plume de Victor Franco et Georges Moraux : Qu’est-ce qui ne va pas en banlieue ?

    Dès le premier abord, je suis surpris par le style des journalistes : ils citent Steinbeck à propos de l’urbanité et pas Geoffroy Lejeune sur le grand remplacement. Le JDD serait-il finalement plus proche du Nouvel Obs que de Valeurs actuelles ?

    Toujours est-il que leur parole semble vive et franche et qu’elle ne dissimule pas la réalité de notre cadre de vie. On découvre ainsi au fil de leur reportage ce qu’ils appellent « une cité futuriste au milieu des bourbiers » (sans doute le nouveau quartier Jean-Zay ?). Ils mettent en lumière sans concession « des transports archaïques » (évidemment le RER B). Ils évoquent « l’isolement et l’ennui » dans la cité qui « somnole le jour et dort la nuit » : comment leur donner tort quand Le Sélect est fermé cet été et que les Antoniens cinéphiles doivent se réfugier au Trianon ? Ils déplorent « la dispersion administrative », ayant évidemment constaté que le guichet SNCF le plus proche est à Massy, que la caisse d’allocations familiales est à Châtenay, la Sécurité sociale à Nanterre et le centre des Finances publiques à Vanves… Ils soulignent aussi des « rivalités de clochers d’un autre âge » : ils ont certainement entendu Jean-Yves Sénant refuser lors du dernier conseil municipal l’idée même de subventionner un peu la MJC et le centre de santé de Fresnes dont le tiers des usagers vient d’Antony.

    Mais au moment de copier le lien vers le site du journal pour que vous puissiez approfondir cet article de presse, je découvre un peu tardivement que ce numéro du Journal du Dimanche est daté du… 29 novembre 1964 ! Certainement que Jean-Yves Sénant, en amateur éclairé du cinéma italien, a fait de la réplique culte du Guépard sa devise secrète : « il faut que tout change pour que rien ne change ».

  • Infox : quand le maire ment (1)

    Management by clowns i cannot tell a lie

    Dans Vivre à Antony du mois de mai, la tribune du maire en page 48 renferme un gros mensonge. A propos du débat budgétaire du 6 avril, il y est écrit : « Il fallait prévoir moins d’investissements, nous ont dit les autres élus d’opposition, sans préciser s’il fallait renoncer à la reconstruction de l’école Anatole-France ou à celle du centre André-Malraux ».

    Pourtant, j’ai au contraire mentionné explicitement les dépenses qu’il me semblait possibles de supprimer ou de différer : «  La situation financière que vous avez créée avec le maintien de dépenses inutiles come la vidéosurveillance ou l’acquisition du pavillon du Dr Vasarely, ou pas urgentes, comme le parking de l’hôtel de ville, justifie à vos yeux une augmentation des ressources… ». Soit près de 6 millions d’euros.

    Merci à Bauschron pour l’illustration (licence Creative Commons Attribution - Partage dans les Mêmes Conditions 4.0 International).

  • Élection départementale à Antony : quels enseignements ?

    Trois mois après l’élection, l’action et l’émotion sont à distance, il est possible de sortir des apparences évidentes pour tenter une analyse politique, cependant forcément subjective, de ce scrutin.

    Le premier point est que, globalement, il y a peu de changements par rapport à la précédente élection départementale (2015), les grands équilibres se retrouvent. Certes Jean-Yves Sénant a été contraint à un second tour. Mais la droite classique reste autour de 50% (51% en 2015, 50% en 2021 en additionnant Sénant et Lajeunie), le Front national perd 3 points à 8%, la gauche antilibérale (Citoyens à Antony, PCF, LFI) en perd 2 à 11%. L’analyse est plus délicate pour la social-démocratie et le centre-gauche dans la mesure où le Parti socialiste était absent de l’élection de 2021 et LaREM n’existait pas en 2015) mais cette sensibilité perd plus de 6 points à 13%. En revanche, les Verts gagnent 11 points à 17%, dépassant même le score obtenu à l’élection régionale du même jour (14%). Cette performance est-elle due à une meilleure mobilisation dans un contexte d’abstention marquée ou à la diffusion des idées écologistes chez des électeurs auparavant plus politisés, l’avenir le dira.

    Si on regarde les résultats par bureaux, on concrétise une fracture politique nette entre quartiers. Dans 19 bureaux sur 44, la gauche est en effet devant LaREM et dans 5 bureaux devant EELV. A l’inverse, on relève des bastions de la droite dure : dans 17 bureaux la gauche est devancée par Lajeunie et même dans 8 bureaux (inclus dans les 17) par le RN.

    Concernant le second tour, contrairement à ce qu’on a pu entendre, le report des voix de gauche sur les Verts est effectif (un seul bureau affiche un mauvais report) mais insuffisamment pour inquiéter Jean-Yves Sénant. Notons que les 8 bureaux où les votes blancs sont très significatifs (plus de 8%) sont, dans 6 cas sur 8, des bureaux où la droite était majoritaire au 1er tour.

    En conclusion Antony reste une ville-canton de droite, l’écologie a été portée par l’élection régionale (ce qui valide a posteriori sa stratégie électorale), LaREM ne réussit pas à retrouver tous les ex-électeurs de la social-démocratie, la gauche antilibérale résiste.

    Ce texte a été publié dans le numéro 71 d’Agora (septembre 2021).

  • Orpaillage au Mont-Blanc : quelques pépites

    Orpaillage au Mont-Blanc : quelques pépites

    Depuis l’ouverture du centre de vaccination à Vasarely (le 15 mars) le Conseil municipal se réunit dans la salle du Mont-Blanc. La semaine dernière, innovation incroyable, le Conseil s’est réuni un mercredi ! Il faut dire que cette séance n’était pas vraiment prévue à l’origine, elle a dû être montée rapidement pour approuver dans les temps requis une délibération sur le temps de travail des personnels communaux.

    Est-ce la brièveté de ce Conseil (moins de 3 heures) qui a permis de détecter dans le sable de la rivière des interventions quelques surprenantes pépites ?

    Comme un coup de tonnerre dans un ciel serin, la première révélation vint de Pierre Médan. Tant qu’il était seulement adjoint aux finances, il se montrait cassant, sûr de lui et dominateur. Mais maintenant qu’il est candidat (remplaçant) au conseil départemental, le voilà plus calme, hésitant même. Interrogé successivement par David Mauger et M. Hobeika sur le cout final d’un emprunt toxique récemment renégocié (8% d’intérêts en 2020 !), il reconnut être incapable de répondre : pensez donc, il lui aurait fallu faire des calculs, peut-être même avec un tableur Excel… C’était Pierrot le flou ?!

    Dans la même veine, Jean-Yves Sénant montra une faiblesse inaccoutumée dans sa tentative de réponse à une question écrite d’Isabelle Lajeunie sur l’urbanisme de la zone pavillonnaire. Ne pouvant énoncer clairement que des petits collectifs n’étaient pas illogiques en zone UD s’ils respectaient les prescriptions du plan d’urbanisme, il crut bon de citer une de mes interventions au Conseil en 2013 où je défendais cette position (intervention sur laquelle, 8 ans après, je n’ai rien à retrancher). A cette occasion, il m’affubla du titre de « porte-parole de la liste de gauche ». « Se souvenir des belles choses », la mémoire qui part, tragique… Evidemment, en 2013, il n’y avait pas au Conseil municipal une « liste de gauche », il y avait deux groupes de gauche et je n’étais le porte-parole d’aucun d’entre eux…

    Notre maire poursuivit dans le style « C’est pas de ma faute, c’est les autres ! » au sujet du déploiement de la fibre à Antony. Il y a 6 ans, Patrick Devedjian et Véronique Bergerol s'étaient engagés dans leurs promesses électorales départementales à « achever le déploiement de la fibre optique dans toute la ville d’Antony », notamment grâce à l’opérateur que Patrick Devedjian avait choisi, Covage. Comme ce déploiement n’est toujours pas effectif, Jean-Yves Sénant en fut donc réduit à prier l’Autorité de régulation des télécommunications (ARCEP) d’intervenir pour l’aider à tenir avec retard les promesses de son prédécesseur.

    Sur les tarifs d’animation musicale, Isabelle Rolland, appelée à secourir Pierre Médan sur une question trop ardue de Sylviane Aschehoug, fit une réponse lumineuse en insistant sur le fait qu’être demandeur d’emploi n’était pas, en soi, un indice de fragilité économique, au contraire de l’allocation du RSA. Eh oui, il y a 5 ans c’était justement notre argument pour obtenir un tarif réduit au Sélect pour les allocataires des minima sociaux : preuve tardive de l’efficacité de notre stratégie d’opposition d’influence ! Comme désormais notre combat est le taux d’effort intégral, tous les espoirs nous sont donc permis pour 2025 !...

    Le Conseil municipal eut à délibérer sur la création d’un conseil antonien des Européens où les notions élémentaires de géopolitique ont été un peu bousculées. En effet, la délibération évoquait à la fois les « peuples européens voisins et amis » (donc sans doute avec les Britanniques et les Suisses en tant que voisins et avec les Arméniens et les Libanais comme amis) mais aussi la « citoyenneté européenne » (ce qui implicitement ne concerne que les états membres de l'Union européenne). De plus, le document annexé à la délibération était illustré par 50 drapeaux dont ceux du Vatican, de la Turquie et de la Russie : « Adieu vieille Europe, que le diable t’emporte »… La réponse fut apportée en séance par Rosa Dumoulin, on en resterait à l’Union européenne, les voisins et amis attendront.

    En fin de conseil, Jean-Yves Sénant fit à l’auditoire une surprise au double effet : premièrement, il confirma la prochaine ouverture rue du Bourgneuf d’une maison médicale avec de jeunes généralistes et dans la foulée il a annoncé que ces derniers exerceraient en secteur 1, « en tout cas au début ». C’est quoi le début : deux ans ?

    23/05/21

     

  • Vaccination des assesseurs : pourquoi attendre ?

    Dans 7 semaines auront lieu des élections (régionales et départementales). Le Conseil scientifique propose aux maires de faire tenir les bureaux de vote par des assesseurs complètement vaccinés contre la Covid-19. Oui et ensuite ?... En Ile-de-France, le maire de L’Haÿ-les-Roses « anime un groupe de réflexion » depuis la mi-avril, sans résultats apparents. En revanche dans le Gers, pour que la vaccination puisse être complétée d’ici la mi-juin, le Conseil départemental a commencé à vacciner le weekend dernier des citoyens pressentis pour assurer la tenue des bureaux de vote : bravo !

    Mais à Antony ? On ne sait pas… Peut-être le maire a-t-il incité, facilité ou organisé la vaccination des conseillers municipaux (qui sont appelés à présider les bureaux) ? Mais il faut aussi au minimum un vice-président et deux assesseurs pour chaque bureau. Si nous avions un maire prévoyant, il aurait déjà demandé aux présidentes des groupes municipaux d’opposition une liste d’assesseurs potentiels déjà vaccinés et une liste d’assesseurs potentiels à vacciner. Mais peut-être que Jean-Yves Sénant, en démocrate 2.0, envisage-t-il des bureaux de vote avec uniquement des assesseurs de son sérail ?

    03/05/21

    Mots-clés : Pandémie, élections, vaccination, Covid-19

  • Aménagement du quartier Jean-Zay : décryptage

    Avez-vous vu la vidéo sur le futur aménagement du quartier Jean-Zay ? C’est effectivement dispensable mais si vous avez un peu de temps à perdre il y a quelques passages savoureux.

    Bien sûr, tout n’est pas risible. Cela débute même par une intervention de Jean-Yves Sénant expliquant que le quartier Jean-Zay s’appelle ainsi parce qu’il remplace la résidence universitaire Jean-Zay… On sent le vent de l’Histoire nous traverser : avoir un maire aussi brillant, quelle chance ! Evidemment, on aurait pu imaginer qu’il rappelle que Jean Zay, ministre radical de l’Education nationale du Front populaire, a été assassiné par la Milice en 1944 parce que juif. Mais fi de ces détails, Jean-Yves Sénant n’est pas un homme du passé ! D’ailleurs, il chérit tellement l’histoire en général et celle de la résidence universitaire en particulier qu’il les couvre de voiles pudiques mais nous avons déjà eu l’occasion d’en parler ici-même

    Suit un film de 4 minutes supposé illustrer le futur quartier. Première curiosité : un seul vélo représenté, immobile d’ailleurs, cela fait vraiment peu pour un espace dédié aux mobilités douces ! Surprise ensuite : la mixité a été oubliée aussi, les personnes figurées sont essentiellement des jeunes femmes blanches, quelques hommes, pas de vieillards, peu d’enfants, pas de poussettes, pas de Noirs – enfin si, un, toujours le même, sur plusieurs plans, les quotas sont stricts. Incohérence climatique enfin : tout ce beau monde discute sous des cerisiers en fleurs, nous sommes certainement fin mars, d’ailleurs la végétation du Parc de Sceaux n’a pas encore daigné éclore sur les vues aériennes, sauf que les érables du quartier sont largement en feuilles et les habitants en T-shirts et robes légères comme en juin ! Bref, un docu-publicitaire bon marché.

    Les interventions de J-Y Sénant et du Président Berger ramènent le spectateur dans la réalité ou plutôt elles tentent de le faire. Quand la journaliste évoque les équipements publics du quartier, l’autosatisfaction du maire la foudroie : « Une crèche, une école, une médiathèque, c’est déjà pas mal ! ». Il n’insiste d’ailleurs pas trop sur la cour de cette école en terrasse et sur le calendrier qui prévoit que les logements seront livrés fin 2023 et la médiathèque en 2025… Jean-Didier Berger le rejoint dans sa projection temporelle et présente la ligne du tram T10 comme desservant la gare du Grand-Paris-Express de Clamart alors que son terminus de 2023 n’ira guère au-delà de l’hôpital Béclère…

    En ces temps de confinement, nous ne sommes pas autorisés à aller au théâtre mais nos édiles font tout leur possible pour que l’on croie être au cirque.

    20/03/21

    Mots-clés : Antony, Résidence universitaire, Jean Zay, Jean-Yves Sénant, Jean-Didier Berger

  • Quand Jean-Yves Sénant réécrit l'histoire

    Dans Vivre à Antony de février, Jean-Yves Sénant signe une fresque historique sur la Résidence universitaire Jean-Zay. Mais certains pourraient bien lui reprocher des raccourcis audacieux dans sa progression chronologique.

    Ainsi, sur la période 1980-2009, J-Y Sénant affirme à propos de la Résidence universitaire d'Antony (RUA) : "l'Etat, quel que soit le Gouvernement, faisait la sourde oreille, il n'en voulait plus". Qu'il ait oublié qu'en 1995 François Bayrou, alors ministre de l'Education nationale, décida le maintien (qu'il voulait durable) de la RUA, passe encore mais qu'Eric Arjona, le conseiller municipal délégué à l'aménagement, ancien adhérent du MoDem, soit atteint de la même amnésie sélective, c'est absolument ahurissant !

    Mais nous ne sommes au bout de nos surprises. Rien, pas un mot, sur l'intervention machiavélique de Patrick Devedjian de 2004. Rappelons que le mentor de Jean-Yves Sénant profita à ce moment-là d'être à la fois Ministre des libertés locales et Président de la Communauté d'agglomération des Hauts-de-Bièvre pour faire adopter subrepticement un article de loi "sur mesure" autorisant le transfert gratuit des résidences universitaires aux intercommunalités intéressées. Dans ce cas, l'omission est plus compréhensible : Patrick Devedjian n'avait pas été assez habile dans sa rédaction légistique et la RUA n'étant pas propriété de l'Etat mais du CROUS échapa provisoirement à ses visées destructrices.

    On le sait, la plus grande partie de cette RUA a été détruite. Mais l'ignominie du forfait n'autorise pas à cacher les responsabilités des acteurs.

     

    05/02/2021

    Mots-clés : Antony, Jean-Yves Sénant, résidence universitaire, RUA, Jean-Zay

  • Impressions Conseil Sénant

    • Par
    • Le 26/12/2020

    Le 3 décembre 2020 le conseil municipal d’Antony s’est réuni à Vasarely à huis clos mais retransmis sur Internet. Voici les impressions parfaitement subjectives que j’en retire : les nymphes de la démocratie et de l’intelligence ont été invoquées à plusieurs reprises mais elles se sont bien gardées d’apparaitre…

    La démocratie a été en effet fort malmenée et par Jean-Yves Sénant en premier lieu. Ayant reçu du Conseil municipal d’Erevan, qui chapeaute notre ville jumelle arménienne, une lettre du 20 octobre destinée par ses auteurs aux conseillers municipaux d’Antony, il a omis d’en faire part aux élus des minorités qui l’ont donc découverte le 27 novembre dans les documents préparatoires du Conseil. Plus d’un mois plus tard ! La démocratie passera, comme le café…

    Stéphanie Schlienger, qui s’était déjà illustrée il y a peu à contretemps au Conseil de territoire, a confirmé, et ses difficultés à gérer un calendrier, et son mépris de la démocratie représentative : interpellée par l’opposition sur le fait qu’une des mesures qu’elle présentait au vote du conseil municipal apparaissait déjà comme actée dans Vivre à Antony diffusé depuis une semaine, elle n’a pas songé à expliquer sa bourde mais l’a revendiquée au contraire de façon agressive !

    Dans le même genre, l’adjoint chargé de la prévention, plutôt que d’argumenter en réponse aux critiques des conseillers d’opposition sur le rapport coût/efficacité de la vidéosurveillance, s’est contenté d’une sortie définitive : « on ne vous confiera jamais la sécurité des Antoniens ». Mais qui est ce « on » ? Si c’est un « on » de majesté, il est évident que M. Aït-Ouaraz ne peut pas « confier » la délégation qu’il a reçue du Maire à quiconque : il doit l’assumer. Mais si ce « on » représente les électeurs antoniens, alors le « jamais » est de trop, il serait prudent de ne pas insulter l’avenir…

    L’adjoint aux finances, Pierre Médan, se distingua par deux réparties. Il crut nécessaire de manifester son irritation face à la longueur des débats sur les décisions d’intersessions ; quel dommage qu’il ait lui-même, aussitôt après, fait perdre un temps conséquent à l’assemblée communale parce que son Powerpoint ne démarrait pas. Il fut un temps où, pour enseigner en Sorbonne, on devait maitriser son propos sans support… Plus tard, interrogé par Isabelle Lajeunie, il n’a pas trouvé de meilleure réponse que : « c’est une question tellement bête ». Dévaloriser ses interlocuteurs est effectivement plus rapide que des explications mais c’est moins respectueux de la démocratie.

    « Antony, ville intelligente » fut le second leitmotiv de ce Conseil. Leitmotiv contrasté, voire négatif, puisque nous en étions alors aux premiers jours de la cyber-attaque qui paralyse aujourd’hui encore, un mois après, les systèmes informatiques de la mairie !

    Parlant de carte scolaire, l’adjointe à l’éducation dut ainsi reconnaitre que la dite carte était tenue à la main en l’absence de logiciel adapté.

    On tenta aussi de débattre d’une « solution intégrée de sécurité urbaine » mais sans parvenir à déterminer s’il s’agissait d’horodateurs communicants, de jalonnement dynamique de stationnement ou de vidéosurveillance à reconnaissance faciale ; la réponse apportée en séance fut que le Conseil municipal n’était pas compétent puisque cela relevait des pouvoirs de police du Maire ! Circulez, y a rien à voir ! L’adjoint à la prévention se félicita toutefois des « performances » de la vidéosurveillance avec un taux d’élucidation « assez important », sans daigner fournir des données plus précises, et il se garda bien d’insister sur le fait que, ce bijou qui comporte une caméra pour 60 Antoniens n’empêche ni les morts par délinquance routière (Cf le drame de La Fontaine le 17 juillet dernier) ni les agressions (Cf l’attaque au couteau de Guillebaud le 12 décembre).

    La démocratie plus l’intelligence c’est la responsabilité politique. Ce jour-là, elles ont manqué.

  • Hommage à Patrick Devedjian : une infinie maladresse

    • Par
    • Le 05/12/2020

    Evidemment, Jean-Yves Sénant avait beaucoup à se faire pardonner des proches de Patrick Devedjian. Tout d’abord sa campagne électorale municipale où il n’avait pas ménagé ses coups vis-à-vis d’une liste concurrente qui regroupait les fidèles du premier cercle. Ensuite, la tiédeur de sa réaction initiale lors du décès de son prédécesseur : la une de Vivre à Antony du mois de juin ne représentait que le minimum syndical et le titre de l’éditorial « La vie continue » en page 3 relativisait fortement l’impact de la disparition de Devedjian. Enfin, avoir attendu huit mois pour inscrire son nom dans la pierre antonienne apparaissait bien peu respectueux du maître qui avait éduqué politiquement le padawan…

    D’un coup, l’attentisme a cédé la place à la précipitation irréfléchie et Jean-Yves Sénant a proposé au Conseil municipal l’attribution du nom de Patrick Devedjian à la place du Marché et au nouveau théâtre en fin de construction. Il ne pouvait être question de faire moins que pour Auguste Mounié qui a une rue et une place…

    Passons rapidement sur l’incohérence technique de cette double toponymie. Il y a deux ans, Jean-Yves Sénant avait fait modifier le nom de la place centrale d’Antony, alors place Firmin-Gémier, pour lui donner l’appellation banale de place du Marché, au motif que le nom de Firmin Gémier ne pourrait pas être à la fois celui du nouveau théâtre, prévu rue Maurice-Labrousse, et celui de la place centrale sans entrainer des confusions dommageables. Mais ce qui était vrai en 2018 ne l’était plus en 2020 et le même théâtre et la même place pouvaient prendre le même nom sans inconvénient !

    Sitôt cette proposition divulguée, cinq jours avant le conseil municipal du 3 décembre, de nombreux Antoniens se sont élevés, non pas sur la légitime commémoration de Patrick Devedjian, mais contre la disparition de Firmin Gémier de l’espace antonien. Ce serait faire injure à la culture de Jean-Yves Sénant, que l’on voit de temps à autre au théâtre, que de prétendre qu’il aurait méconnu l’importance de l’œuvre artistique du fondateur du Théâtre national populaire. L’élimination consentie de l’héritage de Firmin Gémier de notre ville ne saurait donc être que le résultat d’un instant d’égarement. Pour preuve, l’ordre du jour du conseil municipal du 3 décembre fut prestement modifié et Jean-Yves Sénant, ramené à un semblant de raison, défendit pour le théâtre le double nom « Firmin-Gémier-Patrick-Devedjian » !

    La rapidité de cette pirouette fit que ni l’Assemblée générale de l’Association Firmin-Gémier qui gère le théâtre, ni le Conseil de territoire Vallée Sud Grand Paris qui en est le financeur n’eurent le temps de donner leur accord. Cela ne pourra pas non plus dissimuler la pauvreté de la réflexion. Patrick Devedjian, il faut bien le reconnaitre, n’était pas amateur de théâtre. C’était un homme de littérature, il a construit une bibliothèque, il aimait la musique, il a bâti le conservatoire Darius-Milhaud (et la Seine musicale à Boulogne), il appréciait la peinture, il a créé la Maison des Arts, c’était un amateur d’horticulture, il a rénové le musée Albert-Kahn… mais le théâtre, ce n’était pas sa tasse de thé, c’est comme ça. Alors, un théâtre Patrick-Devedjian c’est aussi naturel qu’un stade Simone-de-Beauvoir… Il aurait été bien plus logique de laisser son nom au carrefour de la Croix-de-Berny, avec la fontaine dans le style de Mansart qu’il avait choisie. Ou bien à l’hôpital privé qu’il avait contribué à établir et dans lequel il a fini ses jours.

    Antony aurait pu se rassembler autour d’un hommage sensé à Patrick Devedjian, un de ses maires historiques, les hésitations d’un de ses successeurs ont terni la démarche.

    05/12/20

    Mots-clés : Antony, Patrick Devedjian, Firmin Gémier, théâtre, Jean-Yves Sénant