Rue Mounié

  • Rue Mounié pacifiée : faut pas s'y fier

    Il y a un peu plus d’un an, j’exprimais ici-même mes craintes par rapport au projet d’apaisement de la rue Mounié. A quelques jours de l’inauguration de ce réaménagement, il convient d’en tirer un premier bilan.

    Rappelons tout d’abord l’objectif : à défaut de s’engager dans une véritable piétonisation (comme cela s’est fait à la satisfaction générale rue Houdan à Sceaux et rue René-Roeckel à Bourg-la-Reine), le maire d’Antony a voulu « pacifier » la rue Mounié par une demi-mesure, en donnant plus de place aux piétons, en favorisant l’ombrage et en diminuant l’artificialisation des sols mais sans supprimer la circulation automobile. Cela devait se traduire par une voie mixte unique (automobiles + vélos) limitée à 20 km/h, de larges espaces piétons séparés de la voie mixte par des rigoles de 5 cm de dénivelé, la plantation de nouveaux arbres, avec des bancs entourant ces arbres, la suppression des poteaux d’éclairage urbain, le maintien de 3 places de stationnement pour les personnes en situation de handicap et de 5 places de livraison. Cela figure encore sur le site de la mairie.

    Aujourd’hui, qu’en est-il ? Mounie rencontre

    La voie mixte unique (automobiles + vélos) existe bien mais sous forme de zone de rencontre, avec par conséquent priorité aux piétons. C’est un point positif – en fait, c’est LE point positif : de façon très inattendue, le maire s’est rangé sur ce point à l’argumentation des élus d’opposition du groupe Antony terre citoyenne et des associations cyclistes. De même, les rigoles entourant cette voie sont bien plus discrètes que celles annoncées initialement. On devrait donc avoir la possibilité de circulations piétonnes transversales sécuritaires, y compris pour les personnes à mobilité réduite.

    Rue mounie file

    En revanche, à l’heure actuelle, les automobilistes ne semblent pas avoir encore compris que la rue Mounié n’est plus un axe de traversée automobile de la ville et qu’il vaudrait mieux pour tous qu’ils empruntent désormais l’avenue Jean-Monnet ou l’avenue de la Providence. Un brin de communication ne ferait sans doute pas de mal, tout comme la suppression du tourne-à-gauche sur la RD 920.

    L’espace piéton est effectivement élargi, même s’il est actuellement encore très encombré par les chantiers finissants et les conteneurs à ordures. Comme prévu, les poteaux d’éclairage ont été supprimés mais ils ont été remplacés par des poteaux de vidéosurveillance ! Côté arbres, pour le moment pas de plantations nouvelles et donc pas de bancs pour s’asseoir sous ces arbres… En revanche, des planches végétales de superficie plutôt imposantes parsèment l’espace piéton et amènent donc à « tirer des bords » pour les contourner. D’autant qu’elles sont entourées de mini-clôtures rigides qu’on croirait spécialement dessinées pour générer des chutes de déficients visuels ou de personnes avec les bras chargés… Rue mounie bouchon

    Un mot sur les grands oubliés de la réalisation : les cyclistes. Interdits de transit à la descente, ils devront donc soit passer par l’avenue Gabriel-Péri (dans le flot des voitures ou à « contre-contresens » sur la bande cyclable ?) ou par la villa Domas, soit plus vraisemblablement braver cette interdiction. Dans le sens inverse, ils seront admis à circuler « harmonieusement » à 20 km/h avec les voitures, si tant est que les voitures puissent rouler à cette allure.

    Car c’est bien là que réside le problème essentiel : la cohabitation des différents usagers. Ce projet a sans doute été bâti par une officine type McKinsey : sur le papier, tous ces humains se déplacent indépendamment les uns des autres à tant de mètres par minute en flux quasi-laminaire. Mais en réalité ? On observe déjà le cercle vicieux que je craignais : une voiture particulière qui se gare à cheval sur la voie unique mixte et l’espace piéton au niveau du fleuriste, implique : le fourgon de transports de fonds ne peut pas entrer dans le parking du Monoprix et bloque la rue, implique : la file de voitures derrière klaxonne à qui mieux mieux et les deux-roues déboitent de la voie mixte unique pour dépasser le bouchon par les espaces piétons !... Vous avez dit : pacifiée ?

  • La rue Mounié à l’heure du grand pari

    Hier, la commission municipale mixte « Mobilités » et « Urbanisme » a été informée d’un sujet qui ne figurait pas à l’ordre du jour du Conseil municipal convoqué le surlendemain : la rénovation de la rue Mounié. Pourquoi cette précipitation soudaine ? Peut-être parce que le projet avait commencé à fuiter : dimanche 25 juin, les terrasses de la place du Marché  bruissaient de rumeurs alimentées par des proches de l’ancien maire Patrick Devedjian…

    Toujours est-il que l’on nous annonça qu’à la suite à la concertation de 2019 il avait été décidé de satisfaire la demande générale d’apaisement de cette artère et de redonner de la place aux piétons. Et on nous dévoila trois images de la future rue Mounié : deux de jour (une dans chaque sens) et une de nuit.

    Un espace de plain-pied comportant une voie centrale unique de circulation entourée de deux larges espaces de couleur différente pour les piétons, quelques places de stationnement vides en alternance de part de l’autre de la voie de circulation, pas de mobiliers urbains, pas de poteaux d’éclairage ni de signalisation, 2 ou 3 arbres, deux vélos, deux voitures. Et on nous demanda si ça nous faisait rêver…

    La population aura l’occasion d’écrire ce qu’elle pense de ce projet et s’il la fait rêver, une nouvelle « concertation » devrait démarrer en juillet. Je dis « concertation » car c’est le terme employé à plusieurs reprises par l’adjointe à l’urbanisme, Mme Précetti, même si l’adjoint aux travaux, M. Nehmé, considère que la concertation a déjà eu lieu en 2019 et que la consultation de cet été sera plutôt de pure forme. Nous verrons bien

    Ce projet appelle de ma part des commentaires.

    Je constate avec plaisir que la désimperméabilisation de la ville est à l’ordre du jour puisque les places de stationnement (surtout des places de livraison) devraient être en matériaux perméables, de type « Evergreen » : ceux-là même que Sophie Devedjian s’était employée il y a 15 ans à éradiquer de l’espace antonien ! La suppression des poteaux est aussi un point positif, tout comme la présence de stationnement pour les personnes à mobilité réduite. Cependant, l’espace n’est pas « habité », pas de bacs végétaux, pas de bancs, on a l’impression plutôt désagréable d’un couloir d’hôpital à traverser, pas d’une rue où déambuler.

    J’ai aussi des craintes sur la sécurité de l’ensemble. La voie de circulation unique n’est en effet séparée des zones destinées aux piétons que par un mini-caniveau et le changement de couleur du revêtement. J’appréhende ce que pourrait devenir cette rue ainsi réaménagée avec les mêmes photos mais avec 20 vélos, 14 voitures, un camion de La Poste, un camion de livraison de farine, une quinzaine de scooters devant le MacDo et une ambulance de pompiers en mission : un slalom de véhicules sur les espaces piétons ?!

    L’intention est bonne mais repose sur des paris :

    • Que tous les automobilistes comprennent d’emblée que la rue Mounié ne sera plus une voie de traversée de la ville ;
    • Que tous les automobilistes respectent la future limitation de vitesse (20 km/h ?), alors qu’ils ignorent superbement celle actuellement en vigueur ;
    • Qu’aucun camion n’effectuera plus de marche arrière hasardeuse pour accéder au quai du bureau de poste ou du Monoprix ;
    • Que les jeunes clients du MacDo et les livreurs à domicile trouveront tous un endroit adapté pour parquer leur monture ;
    • Que tous les cyclistes appliquent le principe du respect de l’usager le plus vulnérable ;
    • Qu’aucun client de la boulangerie et aucun usager d’un automate bancaire n’abandonnera son véhicule au milieu de la voie de circulation ou sur les espaces piétons ;
    • Que la police municipale aura suffisamment d’effectifs en journée pour sensibiliser dans un premier temps et réprimer ensuite les récalcitrants ;
    • Que la police nationale aura le temps d’intervenir le soir et la nuit quand la police municipale sera de repos…

    J’espère me tromper, mais le rêve risque de tourner au cauchemar…